Le voile diminue de « plus de 80 % » les chances de décrocher un entretien après une candidature spontanée pour un contrat d’apprentissage dans une entreprise, selon une étude universitaire dévoilée lundi.
Menée entre le 21 mars et le 1er avril 2024, l’enquête, a pour objectif d’évaluer « les pénalités associées au port d’un voile musulman sur le marché du travail français. » Et le résultat est sans surprise. Le voile diminue de « plus de 80% » les chances de décrocher un entretien après une candidature spontanée pour un contrat d’apprentissage dans une entreprise.
Ce « testing » a été mené par des chercheurs universitaires rattachés au CNRS et une data analyste, dans le cadre de l’Observatoire national des discriminations et de l’égalité dans l’enseignement supérieur (Ondes).
L’enquête, présentée lundi par l’université Gustave-Eiffel(Nouvelle fenêtre) a été menée entre le 21 mars et le 1er avril 2024. Les équipes ont envoyé une deux CV de jeunes femmes – voilée et non voilée -, nées en 2005, étudiante en première année de BTS « Comptabilité et gestion » dont les prénoms et les noms – français ou d’origine maghrébine – étaient choisis dans la base de données d’état civil de l’Insee.
Leurs candidatures fictives étaient adressées à l’une des 2.000 PME parisiennes, tirées au sort dans « les fichiers des unités légales de l’Insee », précisent les auteurs de l’enquête.
Les CV de « Sofia Cherif, Yasmine Saïdi, Sara Belkacem, Nadia Ali, Emma Martin, Léa Bernard, Manon Durand et Clara Richard » ont été confectionnés avec les photos de figurantes, qui ont posé avec et sans voile. Elles ont les mêmes « compétences, qualifications et expériences », la même première expérience et viennent d’établissements scolaires jugés « bons », ont toutes obtenu le bac professionnel en 2023, ont le français pour langue native et vivent à Paris, dans des quartiers ni populaires ni cossus.
Alors que doit-on retenir de cette étude ?
Le voile « diminue de plus de 80 % les chances d’obtenir une réponse positive », soit une convocation à un entretien en présentiel ou à distance, écrivent les chercheurs, rappelant que le porte du voile n’est pas interdit dans l’emploi privé « sauf lorsqu’un règlement intérieur » stipule le contraire.
Le port d’un voile « augmente de 25 % la part des réponses négatives (non réponse ou réponse négative, ndlr) », ajoute-t-on.
Et, « la pénalité associée au port du foulard est du même ordre de grandeur pour la candidate d’origine française et pour celle originaire d’Afrique du Nord », poursuit l’étude.
Ainsi, « pour les candidates signalant une origine française », le port du voile « augmente de 15,5 points la part des réponses négatives (soit 25%) » contre « une hausse de 13,3 points (+21,1 %) » pour celles d’origines maghrébines, poursuivent les chercheurs.
Et qu’en est t’il de la proposition d’un entretien ? Les femmes voilées d’origine française ont 10,8 points (-81,4%) en moins de chance d’en décrocher un contre 6,7 points (-84,9 %) quand elles sont d’origines maghrébines, selon les données.
Les auteurs rappellent que l’apprentissage est « une des voies prépondérantes dans l’accès à un emploi ».