Le port du voile dans le sport est-il synonyme d’entrisme islamiste ? Non, tranche la ministre des Sports, Marie Barsacq, qui a décidé de mettre les choses au clair ce mercredi 12 mars face aux députés.
Alors que le Sénat a adopté une proposition de loi interdisant le port du voile dans les compétitions sportives – avec le soutien appuyé du ministre de l’Intérieur, François-Noël Buffet –, la ministre a démenti tout lien direct entre le port du voile et la radicalisation, appelant à ne pas tout mélanger. « La laïcité ne se résume pas au fait de porter ou non le voile », a-t-elle rappelé, estimant que le sport devait rester un espace d’émancipation pour tous et toutes, et non un champ de bataille idéologique.
Une déclaration qui n’a pas plu à tout le monde, notamment au député RN Julien Odoul, qui l’a accusée de « faire l’autruche » face aux « dérives communautaristes » dans le sport. Réplique immédiate de la ministre : « Ce que vous visez, c’est le voile islamique. Or, dans notre pays, des femmes peuvent librement exercer leur liberté religieuse, que cela vous plaise ou non. » Ambiance.
Toutefois, Marie Barsacq ne joue pas non plus la carte de la naïveté. Elle concède qu’il existe des cas d’entrisme islamiste dans le sport, où le voile peut être utilisé comme un outil idéologique. « Je n’accepte pas que l’on refuse de serrer la main à une femme dans le sport, ni qu’on stoppe un match pour faire une prière », a-t-elle précisé. Mais pour elle, l’interdiction pure et simple du voile ne répond pas à cette problématique plus large.
Bref, le débat est loin d’être clos. D’un côté, un Sénat qui souhaite bannir le voile des compétitions. De l’autre, une ministre qui refuse de réduire la question de la laïcité à un simple morceau de tissu. Reste à voir si ce dialogue de sourds aboutira à autre chose qu’une nouvelle passe d’armes politique.