Malgré l’absence d’un accord final, les négociations de Busan, en Corée du Sud, sur un traité mondial contre la pollution plastique marquent une avancée notable, selon Inger Andersen, cheffe du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).
Un bilan prometteur malgré l’impasse
« Il est évident qu’il ne s’agit pas d’un échec », a déclaré Mme Andersen dans un entretien avec l’AFP, soulignant le caractère ambitieux du délai initial de deux ans fixé en 2022 pour conclure ce traité historique. Selon elle, les discussions de Busan ont permis des « progrès très, très significatifs », bien que les divergences aient empêché l’adoption d’un texte définitif.
Pendant une semaine, des délégués de plus de 170 pays ont travaillé pour la cinquième fois en deux ans afin d’établir un cadre contraignant contre la pollution plastique. Cependant, au terme de ce cycle, ils ont décidé de reporter la conclusion des négociations pour tenter de résoudre des désaccords majeurs.
Un large consensus émerge pour limiter la production de plastique, interdire certains produits dangereux et supprimer les plastiques à usage unique. Toutefois, ces propositions se heurtent à l’opposition d’une minorité influente de pays producteurs de pétrole, notamment l’Arabie saoudite, la Russie et l’Iran, qui plaident pour un texte centré uniquement sur le recyclage et la gestion des déchets.
Les cycles précédents avaient déjà mis en lumière ces divergences, matérialisées par un avant-projet de traité complexe de 77 pages. À Busan, les négociations ont permis de réduire ce document à une version simplifiée d’une vingtaine de pages, rédigée par le président des discussions. Pour Inger Andersen, ce nouveau texte représente une avancée cruciale : « Nous avons maintenant un texte propre et rationnel. Cette avancée est significative, et je m’en réjouis. »
Des inquiétudes pour la suite
Malgré ce progrès, le document actuel reste parsemé de contradictions, et plusieurs pays ont insisté pour qu’il soit entièrement amendable lors des prochaines négociations. Cette perspective inquiète les organisations environnementales, qui redoutent que les discussions ne stagnent à nouveau.
« Des conversations significatives sont nécessaires pour réduire les divergences avant le prochain cycle », a concédé Mme Andersen. Elle a également rappelé les obstacles posés par les intérêts économiques de certains États, notamment ceux liés à l’industrie pétrolière et pétrochimique.
Alors qu’aucune date ni aucun lieu n’ont encore été fixés pour la reprise des négociations, Inger Andersen reste optimiste et déterminée à voir un accord émerger en 2025 : « Le plus tôt sera le mieux, car nous avons un énorme problème à résoudre. »
Avec plus de 90 % du plastique mondial non recyclé et des millions de tonnes déversées chaque année dans la nature, la pollution plastique est devenue une menace pour les écosystèmes et la santé humaine. Le défi de parvenir à un traité mondial contraignant reflète l’urgence de trouver des compromis durables face à cette crise environnementale.