Trois ans après l’adoption de la loi Rixain, qui impose progressivement des quotas de femmes aux postes de direction, la mixité progresse au sein des grandes entreprises françaises. En 2024, les femmes occupaient 28 % des postes de direction dans les entreprises du CAC 40, soit 2 points de plus en un an. La loi prévoit que les entreprises de plus de 1 000 salariés atteignent 30 % de femmes en mars 2026 et 40 % en mars 2029. Michel Ferrary, chercheur affilié à Skema Business School et directeur de l’Observatoire de la féminisation des entreprises, souligne que cette loi est sans équivalent en Occident.
Pour respecter ces quotas, les entreprises n’ont pas simplement remplacé des hommes par des femmes. Elles ont souvent augmenté le nombre de postes dans leurs instances dirigeantes. En 2024, 15 nouveaux sièges ont été créés, dont 16 occupés par des femmes, tandis que le nombre de postes occupés par des hommes n’a baissé que d’une seule unité. Cependant, cette montée en puissance des femmes dans les comités exécutifs pose encore la question de la répartition des responsabilités. « Il faut regarder si les femmes occupent des postes aussi stratégiques que les hommes. Une directrice de la communication ou de la RSE, ce n’est pas la même chose qu’un directeur financier », nuance Michel Ferrary.
Au-delà des obligations légales, la féminisation des équipes dirigeantes semble avoir des effets bénéfiques sur la rentabilité des entreprises. Une étude menée en 2022 par Michel Ferrary et son collègue Stéphane Déo a démontré que les entreprises les plus équilibrées en termes de mixité affichent des marges plus élevées. Les résultats suggèrent que lorsque la proportion de femmes se rapproche des 50 %, la marge nette et l’EBITDA augmentent.
Malgré ces tendances, certains dirigeants d’entreprises s’inquiètent des échéances à venir. Patrick Martin, président du Medef, a exprimé en janvier ses doutes sur la capacité des entreprises à atteindre les 30 % de femmes en 2026. Il explique rencontrer des difficultés à féminiser les directions dans certains secteurs très masculins, comme le bâtiment et l’industrie.
Pour lui, les quotas sont plus faciles à appliquer dans les conseils d’administration, où il suffit de remplacer un membre par un autre. En revanche, dans un comité de direction, il estime qu’il est plus délicat d’évincer un homme qui n’a pas démérité pour des raisons de parité.