Le président du Haut Conseil des finances publiques (HCFP), Pierre Moscovici, a tiré la sonnette d’alarme ce vendredi matin sur France Info, dénonçant un « dérapage absolument inédit sous la Ve République » en matière de déficit public. Moscovici a rappelé que le budget voté pour 2024 prévoyait un déficit de 4,4 % du PIB, soit 128 milliards d’euros. Or, à la fin de l’année, ce déficit devrait atteindre 6,1 %, soit environ 180 milliards d’euros. « En un an, nous avons accumulé 52 milliards d’euros de déficit supplémentaires », a-t-il souligné.
Moscovici a insisté sur l’importance de comprendre comment un tel écart a pu se produire, en écartant toutefois l’idée de chercher un coupable précis. Il a averti que si les causes profondes de ce dérapage ne sont pas identifiées, la situation pourrait se reproduire. Le président du HCFP a également relevé le manque de réalisme du précédent gouvernement, responsable selon lui de cette dérive budgétaire.
Le vice-président de la commission des finances, Philippe Brun, a réagi en appelant à transformer la commission en une commission d’enquête pour faire la lumière sur ce qu’il qualifie de « glissement volontairement caché ». Brun souhaite entendre l’ancien ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, affirmant que « ce dérapage budgétaire est du jamais vu dans notre histoire ».
Des prévisions 2025 jugées « fragiles »
Le HCFP a rendu un avis critique sur le projet de loi de finances 2025 présenté par le gouvernement. Pierre Moscovici a jugé les prévisions du gouvernement fragiles, notamment en ce qui concerne la réduction du déficit à 5 % en 2025 et à 3 % d’ici 2029, selon les exigences européennes. Moscovici a souligné que l’ampleur des économies prévues pourrait avoir un impact négatif sur la croissance, fixée à 1,1 % pour 2025, une estimation qu’il juge optimiste.
Une répartition contestée entre hausses d’impôts et réductions des dépenses
Le président du HCFP a également remis en question la répartition des efforts budgétaires annoncés par l’exécutif. Alors que le gouvernement affirme que deux tiers des efforts proviendront de la baisse des dépenses, Moscovici estime que 70 % des efforts reposeront en réalité sur des hausses de prélèvements obligatoires, avec seulement 30 % sur les réductions de dépenses.
En conclusion, Pierre Moscovici a appelé à une documentation plus précise et détaillée des prévisions budgétaires, notamment en ce qui concerne les économies attendues, afin d’éviter une nouvelle dérive et de garantir la cohérence des engagements pris par la France auprès de la Commission européenne.