C’est une scène pour le moins inhabituelle dans le monde politique. Philippe Tabarot, sénateur des Alpes-Maritimes et désormais ministre délégué chargé des Transports, a appris sa nomination comme des millions de Français : devant son écran de télévision.
« Je l’ai appris à la télé », confie-t-il avec un sourire à peine dissimulé. L’annonce, faite par le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, a pris de court cet Azuréen de 54 ans, qui n’avait pas reçu de confirmation préalable. « J’avais eu Bruno Retailleau au téléphone il y a quelques jours et nous avions évoqué cette possibilité, mais je n’avais pas été informé officiellement. Cela a été une grande surprise », raconte-t-il.
À peine le temps de digérer la nouvelle que Philippe Tabarot a dû s’organiser. Quelques heures après l’annonce, il prenait un avion pour Paris afin d’assister à la cérémonie de passation de pouvoir avec son prédécesseur, François Durovray. « Il a fallu rapidement s’organiser pour être présent dès ce mardi matin », a-t-il déclaré, tout en soulignant son émotion de servir la France dans un contexte politique et économique particulièrement tendu.
Un spécialiste des mobilités
Philippe Tabarot n’est pas un novice dans le domaine des transports. Ancien vice-président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur chargé des transports, il est également sénateur depuis 2020, où il a été rapporteur du budget des transports. Il s’est notamment distingué par ses travaux sur le déploiement des zones à faibles émissions. Connu pour son franc-parler et sa ligne sécuritaire, il souhaite placer la sûreté dans les transports au cœur de son action ministérielle.
Le nouveau ministre s’attaque à un portefeuille chargé de dossiers brûlants. Parmi ses priorités, il a réaffirmé son engagement à améliorer la sécurité dans les transports, en s’appuyant notamment sur une proposition de loi adoptée au Sénat mais controversée. « La sûreté est la première préoccupation des usagers », a-t-il déclaré lors de la passation de pouvoir.
Philippe Tabarot a également annoncé son intention de poursuivre l’ouverture à la concurrence du rail, un sujet qui divise profondément les syndicats et les acteurs du secteur. Partisan de la privatisation, il souhaite encourager les régions à franchir le pas pour dynamiser l’offre ferroviaire. Autre dossier délicat : la fin des concessions autoroutières, un enjeu financier majeur pour l’État et les infrastructures de transport.
Un ministre sous le feu des critiques
Si ses convictions libérales séduisent une partie de la droite et du centre, elles suscitent également de vives oppositions, notamment sur sa volonté de limiter le droit de grève dans le ferroviaire. Pour Thomas Cavel, secrétaire général de la CFDT Cheminots, « les priorités doivent être ailleurs, notamment sur le financement et le développement du réseau ferroviaire ».
Malgré les critiques, Philippe Tabarot se dit prêt à relever les défis, non sans une pensée pour sa mère âgée de 90 ans, à qui il a dédié cette nomination. Avec une solide expérience et une vision assumée, le nouveau ministre des Transports entend imposer sa marque sur ce secteur stratégique. Quant à sa façon singulière d’avoir appris sa nomination, elle restera sans doute une anecdote marquante de cette entrée au gouvernement.