Philippe Schreck (RN) : « Les 100 jours d’Attal c’est de la communication, de l’ensauvagement et de la ruine budgétaire »
Dans cette interview exclusive accordée à Entrevue, le Député RN du Var, Philippe Schreck, livre sans détour ses réflexions sur une multitude de sujets brûlants, allant de la politique nationale à la scène européenne, en passant par les défis sécuritaires contemporains. Défenseur d’une Europe des nations, il revient sur les positions passées de son parti, commente l’action du chef du gouvernement, Gabriel Attal, et présente ses doléances pour l’après 9 juin, jour des élections européennes.
Entrevue : Vous êtes un député atypique car à côté de votre mandat vous avez conservé votre métier, vous continuez à exercer votre profession d’avocat. Comment faites-vous ?
Philippe Schreck : C’est énormément de travail et d’organisation, mais c’est important, ça me permet de garder prise sur la réalité. On ne sait pas de quoi la vie est faite, contrairement à beaucoup de collègues je ne me suis pas mis en disponibilité car je suis professionnel libéral, mais si demain je ne suis plus député parce que les électeurs le décident, il faut bien que j’aie un boulot.
Le Premier ministre Gabriel Attal vient de franchir le cap des 100 jours à Matignon, vous êtes un opposant mais ce n’est jamais tout blanc ou tout noir, que retenez-vous de positif ?
Sincèrement il ne s’est rien passé à part de la communication, Gabriel Attal c’est 100 jours de communication sur fond de ruine budgétaire et d’ensauvagement de la société.
Vous parlez d’ensauvagement de la société, quelles sont vos solutions face à l’explosion de la violence chez les jeunes, et plus particulièrement chez les mineurs ?
On entend beaucoup parler d’excuse de minorité et de faire payer les parents, nous sommes évidemment favorables à faire payer les parents mais la mère des batailles doit être l’application des peines décidées par les juges, aujourd’hui ce n’est plus du tout le cas. Il faut un jugement rapide par rapport aux faits, il faut également revenir sur la loi qui sépare le jugement et la peine et enfin rendons-nous compte qu’un mineur de 2024 n’est plus un mineur de 1984. Au siècle dernier, le mineur volait à l’étal du maraîcher, en 2024, il bute le maraîcher. Changeons le logiciel et abaissons la majorité pénale à 15 ans, quand on trouble l’ordre public on doit aller en prison.
L’Assemblée nationale a adopté le projet de loi contre les discriminations capillaires, vous étiez orateur de votre groupe, cette loi est-elle une priorité ?
Quand le projet de loi est arrivé, nous avons d’abord cru à une blague dans mon groupe. Je comprends évidemment les problèmes de discriminations capillaires que peuvent rencontrer certains, mais par rapport aux difficultés que rencontre la France et les Français, ça paraît irréel et en décalage. Je pense que plutôt que de parler des cheveux des uns et des autres, on devrait se concentrer sur le pouvoir d’achat, sur la sécurité des Français, sur l’effondrement de l’école et du système hospitalier.
Vous avez abandonné il y a quelques années le FREXIT, mais quelle est aujourd’hui la ligne du Rassemblement national sur L’union européenne ?
Notre ligne c’est l’Europe des nations, il n’est plus question de FREXIT, nous ne devons pas tout jeter mais les pays doivent conserver des parties de souveraineté notamment sur l’immigration, la défense et l’agriculture.
Mais c’est quoi l’Europe des Nations, est-ce réellement possible que dans cette Union Européenne, les nations retrouvent une part de souveraineté ?
Oui c’est possible et c’est souhaitable mais ceux qui doivent décider ce sont les élus, quelques soient leur couleurs politiques, c’est eux qui ont une légitimité par rapport une commission européenne que personne ne comprend.
Ces élections européennes sont donc pour vous une élection nationale ?
C’est une élection de mi-mandat, elle a des répercussions nationales mais c’est surtout une élection où deux conceptions totalement opposées s’affrontent.
Votre candidat pour les élections européennes Jordan Bardella est crédité de plus de 30 % d’intentions de votes dans les sondages, ne craignez-vous pas un décalage avec la réalité au moment des résultats ?
Nous faisons partie de ceux qui ont appris à se méfier des sondages depuis longtemps, c’est pour ça que sur tout le territoire, nos militants et nos élus font campagne, mais je suis convaincu que si les électeurs se rendent aux urnes pour voter, et qu’il y a un bon taux de participation, ça nous profitera, nous gagnerons et le peuple donnera une leçon à Emmanuel Macron.
Jordan Bardella scande partout qu’au soir des élections européennes, s’il finit en tête il demandera la dissolution de l’Assemblée nationale ?
Il la demandera, ce n’est pas que de la communication mais si nous gagnons, le Président de la République en sortira discrédité, nous avons deux projets opposés, si nous gagnons, il faudra redonner la parole aux Français.
Vous êtes également vice-président de la commission d’enquête sur les liens entre Emmanuel Macron et les GAFAM, cette commission est-elle nécessaire ?
C’était surtout sur les Uberfiles, c’était nécessaire car c’était un exercice démocratique et un exercice d’informations, nous avons pu obtenir des informations et constater la porosité du ministre des Finances Emmanuel Macron et le financement de sa campagne par des membres des GAFAM et Uber.
Et quelle conclusion tirez-vous de cette commission d’enquête ?
Manifestement l’analyse des comptes de campagne n’est pas très crédible car cette porosité n’a pas été soulevée. Par ailleurs, il faut mieux réglementer l’activité de lobbying et faire attention à l’utilisation massive de cabinet de conseils comme McKinsey car c’est une forme d’ingérence étrangère.
Le Député LFI Sébastien Delogu vous a poursuivi pour diffamation car vous estimiez qu’il menait avec « ses amis » des actions antisémites, qu’en est-il, le procès a-t-il eu lieu ?
J’assume parfaitement, Sébastien Delogu et ses amis conduisent des actions antisémites et sont la vitrine légale du Hamas. Le procès n’a pas eu lieu car Monsieur Delogu n’a pas consigné la somme que le tribunal lui avait demandée de faire comme toute partie civile. Mais je le comprends, il a bien fait de ne pas consigner parce qu’il aurait perdu son procès.
Mais pensez-vous réellement que la France Insoumise est un parti antisémitisme ?
Oui absolument, c’est un soutien du Hamas qui a pour projet la destruction et la disparition de l’état d’Israël, sous couvert d’antisionisme ce sont des antisémites.
Propos recueillis par Radouan Kourak