Après près de cinq mois de détention provisoire à Nuuk, capitale du Groenland, le célèbre défenseur des océans et fondateur de l’ONG Sea Shepherd, Paul Watson, a été libéré. Le militant de 74 ans, poursuivi par le Japon pour des faits remontant à 2010, était dans l’attente d’une éventuelle extradition vers Tokyo. Finalement, le ministère danois de la Justice a décidé de rejeter la demande d’extradition, mettant fin à sa détention.
L’annonce a été saluée par ses soutiens et officialisée ce mardi 17 décembre sur les réseaux sociaux de Sea Shepherd. “Paul est libre !!!”, pouvait-on lire dans un communiqué triomphant. L’avocate de Paul Watson, Julie Stage, a confirmé la nouvelle à l’AFP : “Le ministère de la Justice vient de nous informer qu’il rejetait la demande d’extradition.”
Paul Watson a quitté la prison de Nuuk dans la foulée. La présidente de l’ONG en France, Lamya Essemlali, s’est rendue sur place pour l’accueillir : “Nous sommes très heureux. C’est une immense victoire collective obtenue grâce au travail acharné de nos avocats danois et français.”
Pour rappel, Paul Watson avait été arrêté au Groenland l’été dernier, après qu’un mandat international émis par le Japon avait été activé. Ce dernier accuse le militant d’avoir orchestré des opérations d’obstruction contre la flotte baleinière nipponne dans l’Antarctique, lors de heurts survenus en 2010. Les autorités japonaises reprochent à Watson d’avoir mis en danger des équipages et causé des dommages matériels à un baleinier.
Cependant, ses avocats ont vigoureusement contesté les accusations et dénoncé les risques encourus en cas d’extradition vers le Japon. Maître François Zimeray, l’un de ses défenseurs, a déclaré sur BFMTV: “Nous sommes très émus et très heureux de cette décision. Les autorités danoises ont compris que cette extradition aurait exposé Paul Watson à des risques disproportionnés.” Il a ajouté que Watson devrait rentrer en France dans les prochains jours pour retrouver sa famille.
Figure emblématique de la lutte pour la protection des océans, Paul Watson n’en est pas à sa première confrontation avec les autorités. Fondateur de Sea Shepherd en 1977, il est connu pour ses actions directes contre la chasse à la baleine, à la fois spectaculaires et controversées. Ses méthodes, qui incluent des poursuites en mer et des manœuvres destinées à perturber les navires de chasse, lui ont valu de nombreux ennemis, notamment parmi les gouvernements pratiquant la chasse commerciale ou “scientifique” des cétacés.
Paul Watson, de nationalité américano-canadienne, a souvent été qualifié de “pirate écologique” par ses détracteurs. Pourtant, il reste une icône pour de nombreux défenseurs de la faune marine. Ses opérations en Antarctique, connues sous le nom de “campagnes des glaces”, ont notamment contribué à mettre en lumière les pratiques de chasse illégale dans les eaux protégées.
La libération de Watson est un soulagement pour ses soutiens, mais elle intervient dans un contexte international délicat. Le Japon, qui a officiellement quitté la Commission baleinière internationale en 2019 pour reprendre la chasse commerciale, s’est toujours opposé aux activités de Sea Shepherd.
Pourtant, les avocats de Watson ont souligné l’importance de cette décision pour les militants écologistes à travers le monde. François Zimeray a insisté : “Cette décision envoie un message fort : les activistes ne doivent pas être sacrifiés sur l’autel des intérêts politiques ou économiques.”
En attendant son retour en France, Watson devrait reprendre son combat pour la préservation des océans. Lamya Essemlali a conclu : “Paul est un symbole de résistance. Sa libération ne marque pas la fin du combat, mais elle prouve que la détermination peut triompher face à l’injustice.”