La Cour des comptes a publié, mardi 17 décembre, un rapport critique sur le Pass culture, dispositif phare lancé sous la présidence d’Emmanuel Macron pour encourager l’accès des jeunes à la culture. Si l’objectif initial était louable, les magistrats dénoncent des failles importantes dans la gestion, l’impact réel et le coût de cette mesure, qui s’élève à 244 millions d’euros en 2024.
Mis en place en 2021, le Pass culture offre aux jeunes de 18 ans un crédit de 300 euros pour financer des biens et activités culturels. Depuis sa création, il a été activé par 4,2 millions de bénéficiaires. Toutefois, la Cour des comptes pointe une « croissance non maîtrisée des crédits » avec des dépassements réguliers par rapport aux enveloppes budgétaires initialement prévues. En termes de coût, ce dispositif représente la deuxième dépense la plus élevée du ministère de la Culture, après la Bibliothèque nationale de France.
Le rapport souligne également un effet d’aubaine, en notant que le Pass bénéficie davantage aux jeunes issus de milieux familiers des pratiques culturelles. Si 84 % des jeunes l’utilisent, seuls 68 % des bénéficiaires viennent des classes populaires. La diversification culturelle reste également insuffisante : les dépenses se concentrent principalement sur des livres, des mangas (20 %, contre 40 % en 2021) et le cinéma, alors que le spectacle vivant ou les visites culturelles restent peu prisés.
Pour corriger ces déséquilibres, la Cour propose une réforme en profondeur. Elle recommande notamment de transformer la société Pass culture en opérateur de l’État d’ici 2025. Cela permettrait un contrôle budgétaire plus strict, notamment grâce à un plafonnement des effectifs, qui comptent aujourd’hui 176 équivalents temps plein. Si ces recommandations sont appliquées, des ajustements budgétaires et structurels majeurs pourraient redéfinir l’avenir du dispositif.