Paris post-apocalyptique : Marchand et Meffre imaginent « Les Ruines de Paris »

Entrevue 1

Et si la Ville Lumière s’éteignait ? Avec Les Ruines de Paris, Yves Marchand et Romain Meffre, figures majeures de l’exploration urbaine (urbex), imaginent une capitale vidée de ses habitants, rongée par le temps et la nature. Ces photographes ont collaboré avec l’intelligence artificielle (IA) pour générer un Paris post-apocalyptique, exposé à la galerie Polka jusqu’au 18 janvier 2025 et publié dans un ouvrage aux éditions Albin Michel. Ce projet, entre dystopie et réflexion esthétique, explore notre fascination pour les ruines et questionne les impacts des avancées technologiques sur notre monde.

Quand Paris devient ruine

De la tour Eiffel disloquée à l’Arc de Triomphe enfoui sous la végétation, Marchand et Meffre offrent une vision lugubre mais captivante d’un Paris déserté. Ces photographies, produites grâce au logiciel Midjourney, mêlent réalisme saisissant et détails subtils qui intriguent. Si la Ville Lumière s’éteignait demain, que resterait-il de ses monuments iconiques ? Inspirés par des maîtres du passé comme Hubert Robert, peintre des ruines au XVIIIe siècle, les deux artistes ont “prompté” plus de 52 000 images pour sélectionner 80 œuvres finales.

Chaque cliché illustre un scénario post-apocalyptique : des Grands Boulevards aux grands magasins, tout semble figé, évoquant un monde où le temps aurait suspendu son cours. Ces créations s’inscrivent dans une tradition artistique qui interroge la fragilité des civilisations, tout en exploitant les capacités inédites de l’IA.

Photographier un futur incertain

Connu pour ses travaux sur les vestiges industriels de Detroit ou sur les ruines modernes, le duo revisite ici son approche. Les Ruines de Paris ne documente pas le passé, mais projette un futur invisible, mêlant préoccupations écologiques et technologiques. Ce projet repose sur une tension entre réalité et fiction, renforcée par des incohérences visuelles laissées volontairement intactes – comme des inscriptions illisibles ou des perspectives déformées.

L’écrivain Nathan Devers, dans un texte accompagnant l’ouvrage, décrit cette série comme un avertissement et une exploration : « Marchand et Meffre montrent Paris à travers le prisme de Pompéi, un Paris qui pourrait devenir le Pompéi de demain. » Pour les artistes, ce travail ouvre une réflexion sur notre rapport à la ville et sur l’impact des bouleversements humains et technologiques.

Exposition et ouvrage

Les Ruines de Paris est visible jusqu’au 18 janvier 2025 à la galerie Polka (Paris 3e). L’ouvrage éponyme, publié chez Albin Michel, compile ces visions dystopiques, entre beauté et effroi. Ce projet, à la frontière de l’art et de la technologie, incite à repenser la mémoire et l’avenir de nos monuments dans un monde en mutation.

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