Dimanche 22 décembre 2024, dans les rues tranquilles de Toulon, Monique et Robert, un couple originaire du Nord de la France, ne passent pas inaperçus. Agés respectivement de 75 et 78 ans, ces septuagénaires étaient loin de se douter qu’ils allaient attirer l’attention de la brigade anticriminalité (BAC). Pourtant, sous des apparences de grands-parents ordinaires, ils transportaient une marchandise bien moins innocente que des paquets de biscuits apéritifs.
Une intervention précise et efficace
Ce dimanche-là, à 13h30, un renseignement conduit les forces de l’ordre à surveiller le véhicule du couple. Stationné dans le quartier Beaulieu, au cœur de Toulon, il s’agit d’un contrôle ordinaire à première vue. Les policiers de la BAC, en civil, observent. Lorsque Monique et Robert sont arrêtés en flagrant délit de livraison de stupéfiants, la surprise est totale : dans leur coffre, dissimulés dans des paquets de biscuits apéritifs, se trouvent de la résine de cannabis, de la cocaïne et de l’herbe.
« Ils avaient tout l’air de papi et mamie gâteaux. Mais les apparences sont trompeuses », commente un policier présent sur les lieux.
L’interpellation du couple ne marque que le début des découvertes. Les policiers se rendent au domicile de leur fille, chez qui Monique et Robert résident temporairement. Lors de la perquisition, ils mettent la main sur 760 grammes de résine de cannabis, 60 grammes d’herbe, 80 grammes de cocaïne et 1 000 euros en espèces. Du matériel de conditionnement et un cahier de comptabilité viennent s’ajouter aux éléments accablants.
Au fil des interrogatoires, Monique raconte une histoire aussi improbable qu’édifiante. Mi-décembre, lors d’une soirée dans un bar, un homme l’aborde et lui propose une activité lucrative : vendre de la drogue via l’application Snapchat. L’idée fait son chemin, et le couple, appuyé par leur fille, se lance dans cette nouvelle entreprise. En quelques semaines, ils effectuent une dizaine de livraisons à l’aide d’un réseau digne d’un « Uber shit », utilisant une messagerie cryptée pour organiser leurs transactions.
Des profils inattendus
Pour les forces de l’ordre, ce cas illustre une tendance inquiétante. « Les trafiquants misent de plus en plus sur des profils atypiques : des seniors, des jeunes couples, des étudiantes. Ces choix stratégiques visent à déjouer les contrôles habituels », explique Julien Ventre, secrétaire départemental du syndicat de police Unité dans le Var. Selon lui, « un couple de septuagénaires qui revient de vacances ou va acheter du pain attire moins l’attention qu’un jeune originaire d’une cité ».
Après leur garde à vue, Monique, Robert et leur fille ont été libérés en attendant leur procès, prévu le 13 février 2025. Les trois suspects ont plaidé coupable et risquent jusqu’à dix ans de prison. En attendant, les résidents de Toulon continuent de s’interroger sur cette affaire rocambolesque. « À leur âge, qui aurait cru ? Rien ne m’étonne plus », souffle une passante. Un constat amer qui résume bien l’état d’esprit face à ce drame sociétal.