Ouverture des bureaux de vote pour les élections législatives allemandes

Entrevue 1

Les bureaux de vote ont ouvert dimanche matin en Allemagne pour des élections législatives dominées par les conservateurs, avec une possible percée record de l’extrême droite.

Plus de 59 millions d’électeurs sont appelés aux urnes de 8h00 (7h00 GMT) à 18h00 (17h00 GMT) pour élire leurs députés lors de ces élections anticipées, convoquées après l’effondrement de la coalition du chancelier social-démocrate Olaf Scholz à la fin de 2024, selon l’Agence France-Presse (AFP).

L’opposition conservatrice allemande se présente en tête dans ces élections législatives, espérant revenir au pouvoir après une campagne marquée par des turbulences, notamment avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, et une montée de l’extrême droite.

Ces élections, suivies de près par le monde entier, se déroulent alors que la première puissance économique d’Europe fait face à un déclin de son modèle de prospérité adopté depuis la Seconde Guerre mondiale.

Entre la récession économique, la menace d’une guerre commerciale avec Washington et la remise en question du lien transatlantique ainsi que du « parapluie » américain sur lequel Berlin comptait pour sa sécurité, « le destin » de l’Allemagne est en jeu, a affirmé samedi le leader conservateur Friedrich Merz, pressenti comme le prochain chancelier.

Merz semble bien placé pour remporter les élections et faire basculer le pays vers une ligne plus à droite après le mandat du social-démocrate Olaf Scholz. Les sondages le créditent d’environ 30 % des voix.

Attentats
De son côté, le parti d’extrême droite « Alternative pour l’Allemagne » (AfD) est crédité d’au moins 20 % des suffrages, un score record, soit le double de son résultat aux précédentes élections.

Ce parti, anti-immigration et pro-russe, a imposé son agenda à la campagne électorale, notamment après plusieurs attentats perpétrés par des étrangers en Allemagne.

Le dernier en date a eu lieu vendredi soir, lorsqu’un touriste espagnol a été grièvement blessé à l’arme blanche près du mémorial de l’Holocauste à Berlin. La police a arrêté un suspect, un jeune Syrien qui aurait voulu « tuer des juifs », selon la justice.

L’AfD a bénéficié ces dernières semaines d’un soutien important venant des cercles proches de Trump. Son conseiller influent, Elon Musk, a activement promu la cheffe de file du parti, Alice Weidel, sur sa plateforme X. Samedi soir, il a simplement posté « Alternative für Deutschland », accompagné de drapeaux allemands.

Christian, un ingénieur de 49 ans présent samedi à un rassemblement du parti, a déclaré que Weidel est « une femme courageuse » qui « aborde des sujets ignorés par les autres partis ».

Ces élections anticipées ont lieu à la veille du troisième anniversaire de l’invasion russe en Ukraine, un événement qui a profondément marqué l’Allemagne, notamment avec l’arrêt des livraisons de gaz russe et l’accueil de plus d’un million de réfugiés ukrainiens.

Outre les risques liés à la sécurité, avec Washington négociant directement avec Moscou en excluant Kyiv et les Européens, l’Allemagne redoute aussi les conséquences économiques des tarifs douaniers élevés que Trump entend imposer aux Européens.

Interrogé sur les élections allemandes, le président américain a répondu qu’il souhaitait « bonne chance » à cet allié historique des États-Unis, ajoutant qu’il était lui-même confronté à ses « propres problèmes ».

Les tensions entre Washington et Berlin se sont accentuées après un discours virulent du vice-président américain J.D. Vance à Munich, dans lequel il a exhorté les partis traditionnels allemands à abandonner leur refus catégorique de toute alliance avec l’extrême droite, un sujet tabou en Allemagne.

Vendredi, Friedrich Merz a déclaré que « même sans les Américains, notre place reste au cœur de l’Europe », appelant les électeurs à lui donner « un mandat fort » pour que l’Allemagne puisse « jouer un rôle de leader » en Europe.

Incertitudes
Avec le système parlementaire allemand, les négociations pour former un gouvernement pourraient durer plusieurs semaines, voire des mois.

Pour constituer une coalition, l’union conservatrice CDU-CSU, qui refuse officiellement toute alliance avec l’AfD bien qu’un rapprochement ait été observé sur la question migratoire, pourrait se tourner vers les sociaux-démocrates du SPD.

Les sondages accordent au SPD environ 15 % des intentions de vote, ce qui en ferait un partenaire potentiel.

Ce score marquerait toutefois la pire performance du parti depuis l’après-guerre et scellerait probablement la fin de la carrière politique d’Olaf Scholz, bien qu’il devra assurer l’intérim durant la transition.

Friedrich Merz s’est montré optimiste, déclarant : « J’espère que la formation du gouvernement sera bouclée d’ici Pâques », soit le 20 avril.

Cependant, cet objectif sera difficile à atteindre si les deux principaux partis ne parviennent pas à obtenir ensemble une majorité parlementaire, les obligeant à chercher un troisième partenaire.

L’issue dépendra en grande partie des résultats des plus petits partis : s’ils franchissent le seuil des 5 %, ils seront représentés au Parlement, compliquant ainsi la formation d’une coalition à deux partis.

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