Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste et député de Seine-et-Marne, était l’invité de « 8h30 franceinfo » ce jeudi 10 octobre 2024. Interrogé par Salhia Brakhlia et Jérôme Chapuis, il a abordé plusieurs sujets brûlants : le budget 2025, les liens entre le Rassemblement national (RN) et le macronisme, ainsi que la question de l’excuse de minorité pour les jeunes auteurs de crimes graves.
« Le RN, béquille du macronisme »
Olivier Faure n’a pas mâché ses mots concernant l’attitude du Rassemblement national face au gouvernement Barnier. Selon lui, le RN, en refusant de soutenir la motion de censure déposée par la gauche, s’est montré comme un « soutien sans participation » au gouvernement. Il critique une alliance implicite entre le macronisme et le RN, affirmant que ce dernier « n’est pas l’alternative » mais plutôt « la béquille du macronisme ». Faure met en garde les électeurs du RN : ils retrouveront, selon lui, « la même politique qu’Emmanuel Macron sur le plan économique », et risquent même d’avoir une version encore plus rigide avec Bruno Retailleau en toile de fond.
Budget 2025 : « Faire payer les grandes entreprises et les plus fortunés »
À la veille de la présentation du budget 2025 par le gouvernement, Olivier Faure se montre très critique. Alors que l’État cherche à trouver 60 milliards d’euros pour ramener le déficit public à 5 % du PIB, le Premier ministre Michel Barnier a annoncé une hausse temporaire des impôts pour environ 300 grandes entreprises et pour les ménages les plus aisés.
Pour Olivier Faure, cette mesure n’est qu’un « paravent ». Il estime que si ces entreprises sont visées temporairement, des efforts pérennes seront demandés à la majorité des Français, notamment aux retraités. Il dénonce également les coupes budgétaires sur les retraites, soulignant que le report de leur indexation permettra au gouvernement d’économiser 4 milliards d’euros, au détriment des personnes âgées.
Faure critique aussi les projets de transfert de remboursement des consultations médicales vers les complémentaires santé et la réduction de la participation de l’Assurance maladie pour les arrêts de travail, affirmant que « le gouvernement veut faire payer les malades ».
Excuse de minorité : un débat sur la table
L’un des points les plus sensibles de l’interview concerne l’excuse de minorité pour les jeunes délinquants. Olivier Faure a réagi aux propos du ministre de la Justice, Didier Migaud, qui n’exclut pas la possibilité de supprimer cette excuse pour les crimes les plus graves, comme les crimes sexuels ou les meurtres. Faure se dit favorable à cette réflexion pour les crimes « d’une extrême violence », citant en exemple le cas d’un tueur à gages de 14 ans impliqué dans un homicide à Marseille.
Toutefois, Faure insiste sur l’importance de l’insertion des jeunes délinquants et critique la réduction des budgets alloués à la protection judiciaire de la jeunesse. Il déplore que « les 500 millions d’euros », dont la justice est privée, sont nécessaires pour la réinsertion.
Congrès du PS : priorité au débat budgétaire
Alors que son leadership est de plus en plus contesté au sein du Parti socialiste, notamment par François Hollande, Olivier Faure a annoncé que le congrès du PS se tiendra en 2025, comme prévu. « Je ne vais pas déclencher un congrès en plein débat budgétaire », a-t-il affirmé, estimant que les Français ne doivent pas avoir l’impression que « les socialistes passent leur vie en congrès ». Faure, réélu à la tête du parti en janvier 2023, semble déterminé à repousser toute remise en cause de sa direction pour l’instant.
Cet entretien montre un Olivier Faure combatif, soucieux de défendre ses positions face à un gouvernement qu’il juge injuste et à un RN qu’il accuse de trahir ses électeurs. Le débat sur le budget 2025 et la question de l’excuse de minorité seront des thèmes centraux des prochaines semaines, avec un PS qui cherche à se démarquer dans une opposition divisée.