Sous une pression croissante, le chancelier allemand Olaf Scholz s’est déclaré ce vendredi disposé à engager des discussions pour avancer la date des élections anticipées. Cette annonce intervient après l’effondrement de sa coalition gouvernementale et le licenciement du ministre des Finances, Christian Lindner, en raison de divergences majeures sur la politique économique.
Mercredi, Scholz avait annoncé son intention de se soumettre à un vote de confiance prévu pour le 15 janvier. Selon ce calendrier, les élections législatives pourraient se tenir en mars. Cependant, de nombreuses voix appellent à un scrutin plus rapide, dès janvier si possible, face aux défis économiques et géopolitiques pesant sur l’Allemagne, notamment la menace d’une récession et les incertitudes autour du retour potentiel de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis.
Présent à Budapest pour un sommet européen, Scholz a évoqué la possibilité de trouver un terrain d’entente avec les partis d’opposition, notamment les conservateurs de la CDU. En échange de leur soutien sur certains textes législatifs en suspens, un compromis pourrait être trouvé pour avancer le calendrier électoral. Le chancelier a également exhorté les députés à adopter une approche “sereine” pour les lois restantes, bien que son gouvernement ne soit plus soutenu que par les sociaux-démocrates et les Verts.
Un climat électoral tendu
Selon un sondage récent, deux tiers des Allemands souhaitent des élections sans délai. “Chancelier, cédez la place !” a titré la rédactrice en chef du Bild, principal quotidien du pays. La ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser, a également indiqué que le gouvernement espère faire passer avant la dissolution du parlement un projet de loi visant à protéger l’indépendance de la Cour constitutionnelle, élaboré en concertation avec les conservateurs.
Lors de sa déclaration à Budapest, Scholz a souligné l’importance du soutien de ses homologues européens, rappelant la complexité croissante des gouvernements de coalition. À son retour en Allemagne, il retrouvera un pays déjà en effervescence pré-électorale. Friedrich Merz, chef des conservateurs de la CDU, est omniprésent dans les médias, appelant le chancelier à soumettre la question de confiance dès la semaine prochaine. Selon Merz, des élections pourraient se tenir dès le 19 janvier, juste avant l’investiture de Donald Trump, nouvellement élu.
La CDU en tête, les Verts en campagne
D’après les sondages, la CDU et son allié bavarois, la CSU, récolteraient actuellement environ 34 % des intentions de vote, suivis par l’extrême droite de l’AfD autour de 17-18 %. Dans ce contexte de majorité parlementaire affaiblie, Scholz devrait vraisemblablement perdre le vote de confiance en janvier. Le président Frank-Walter Steinmeier disposerait alors de 21 jours pour dissoudre le Bundestag et convoquer des élections anticipées sous 60 jours.
Seul allié restant de Scholz, les Verts préparent également leur campagne. Robert Habeck, ministre de l’Économie et vice-chancelier, a annoncé dans une vidéo tournée chez lui son intention de diriger le pays pour renforcer le rôle de l’Allemagne en Europe. Friedrich Merz, non sans sarcasme, a réagi en moquant “un candidat à la chancellerie avec seulement 9 % d’intentions de vote”.
Malgré son avance dans les sondages, Merz devra affronter une complexité de taille en cas de victoire. Refusant toute coalition avec l’AfD, il devra envisager des alliances potentiellement difficiles avec le SPD, les Verts, ou encore le FDP, ancien partenaire de Scholz, si celui-ci parvient à franchir le seuil de 5 % des voix.