Un changement significatif a eu lieu en Nouvelle-Calédonie avec l’élection de Veylma Falaeo, membre du parti Éveil océanien (EO), à la présidence du Congrès. Soutenue par les voix non-indépendantistes, Falaeo a battu l’indépendantiste Roch Wamytan, qui occupait ce poste depuis 2019. Elle devient ainsi la première femme à diriger le Congrès, marquant une étape historique pour l’institution.
Lors du premier tour de scrutin, Roch Wamytan, représentant de l’Union calédonienne (UC) et figure centrale du mouvement indépendantiste, avait pris une avance confortable avec 26 voix. Cependant, Veylma Falaeo n’avait récolté que trois voix, largement devancée par Naïa Wateou, candidate des Loyalistes, et Philippe Dunoyer de Calédonie Ensemble, tous deux non-indépendantistes. Mais la situation s’est renversée au second tour : les candidats non-indépendantistes se sont désistés et ont reporté leurs voix sur Falaeo, lui permettant de remporter 28 des 54 voix du Congrès.
L’Éveil océanien, un parti fondé en 2019 pour représenter les intérêts des Wallisiens et Futuniens de l’archipel, a vu son influence grandir de manière significative ces dernières années. Avec trois sièges au Congrès, le parti s’est rapidement imposé comme un « faiseur de rois », son soutien étant indispensable pour constituer une majorité, que ce soit du côté indépendantiste ou non-indépendantiste. Jusqu’à cette élection, l’Éveil océanien s’était allié avec les indépendantistes pour former une majorité. Cependant, cette alliance a volé en éclats avec l’élection de Falaeo, qui a bénéficié du soutien des partis non-indépendantistes.
Dans son discours après l’élection, Veylma Falaeo a justifié ce revirement en critiquant les indépendantistes, accusant leur obsession pour l’indépendance d’avoir négligé les enjeux sociaux de l’archipel. Elle a affirmé que son parti se positionne désormais clairement comme un acteur de la « voie médiane », ni indépendantiste, ni non-indépendantiste, prônant un partenariat externe avec la France.
La défaite de Roch Wamytan intervient dans un contexte délicat pour le mouvement indépendantiste, déjà fragilisé par des divisions internes au sein du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS). Cette perte de la présidence du Congrès, combinée aux critiques sur la gestion de Wamytan, notamment ses décisions controversées comme son protocole d’accord avec l’Azerbaïdjan, représente un coup dur pour les indépendantistes. Le groupe des Loyalistes a d’ailleurs salué cette élection comme une victoire, estimant que la présidence de Wamytan avait « gravement fragilisé l’institution du Congrès ».
Cette élection pourrait rebattre les cartes politiques en Nouvelle-Calédonie, un territoire où la question de l’indépendance reste une ligne de fracture majeure. Le succès de Veylma Falaeo, avec le soutien des non-indépendantistes, montre un glissement potentiel vers des préoccupations plus centrées sur le progrès social et les alliances pragmatiques, au-delà du seul débat sur l’indépendance.