Nouvelle-Calédonie : État d’urgence déclaré face aux émeutes meurtrières
Emmanuel Macron a demandé ce mercredi au gouvernement de « déclarer l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie » face aux émeutes qui ont fait trois morts et grièvement blessé un gendarme, a annoncé l’Élysée dans un communiqué.
Lors d’un conseil de défense et de sécurité nationale, le président de la République a fermement condamné les violences, qualifiées d’« intolérables », et a insisté sur une réponse « implacable » pour rétablir l’ordre républicain. En conséquence, il a demandé l’inscription à l’ordre du jour du Conseil des ministres, prévu à 16h30, du décret visant à déclarer l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie.
Le président Macron a exprimé sa solidarité avec les Calédoniens et a remercié les forces de sécurité pour leur mobilisation. Suite à la réunion, il a manifesté sa vive émotion après le décès de trois personnes et la blessure grave d’un gendarme. Les émeutes, parmi les plus graves depuis les années 1980, ont plongé l’archipel dans une situation qualifiée d’insurrectionnelle par les autorités locales.
Les troubles ont été déclenchés par une réforme électorale controversée votée par le Parlement, provoquant la colère des indépendantistes. Cette réforme vise à élargir le corps électoral pour les élections provinciales, une décision perçue par les indépendantistes comme une menace à la représentation du peuple autochtone kanak.
Le Haut-commissaire de la République, Louis Le Franc, a précisé que la première victime des émeutes avait été tuée par balle, et non par les forces de l’ordre, mais probablement par quelqu’un cherchant à se défendre. Une deuxième personne est également décédée pendant les violences nocturnes. En outre, des centaines de personnes ont été blessées, y compris une centaine de policiers et gendarmes.
En métropole, l’Assemblée nationale a adopté la réforme électorale par 351 voix contre 153. Cependant, cette décision a provoqué des réactions vives parmi les indépendantistes de Nouvelle-Calédonie. Les principaux partis politiques de l’archipel ont lancé un appel commun au calme et à la raison, exhortant à un retour au dialogue.
Le président Macron a annulé un déplacement et a convoqué en urgence le Conseil de défense et de sécurité nationale pour coordonner la réponse à cette crise. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a annoncé le déploiement de forces supplémentaires, dont des unités d’élite du RAID et du GIGN, pour maîtriser la situation et protéger les infrastructures clés, comme l’aéroport de Nouméa, fermé depuis lundi.
Les émeutes ont conduit à des pénuries alimentaires et de longues files d’attente devant les magasins. Les habitants de plusieurs quartiers se sont organisés pour protéger leurs biens et maintenir l’ordre, parfois armés de bâtons ou de battes de base-ball. Des groupes de défense civile ont émergé pour aider les forces de l’ordre débordées.
Face à cette situation critique, Emmanuel Macron a réaffirmé la nécessité d’une reprise du dialogue politique. Il a demandé au Premier ministre et au ministre de l’Intérieur et des Outre-mer d’inviter rapidement les délégations calédoniennes à Paris pour trouver une solution pacifique à cette crise. La réforme constitutionnelle, qui doit encore être adoptée par les trois cinquièmes des parlementaires réunis en Congrès, reste un point de discorde majeur, mais les appels au calme et à la négociation laissent espérer une issue moins violente.
Cette crise en Nouvelle-Calédonie souligne la complexité des enjeux politiques et sociaux dans les territoires ultramarins français et l’importance d’un dialogue inclusif pour résoudre les conflits.