La Banque centrale européenne (BCE) s’apprête une nouvelle fois à abaisser ses taux directeurs, jeudi 12 décembre 2024. Alors que l’inflation en zone euro se rapproche lentement de l’objectif de 2% et que la croissance économique reste atone, cette quatrième baisse des taux depuis juin semble faire consensus. La véritable incertitude réside toutefois dans l’ampleur de cette réduction, partagée entre une hypothèse de 0,25 point de pourcentage et une option plus marquée de 0,50 point.
Un contexte économique et politique délicat
Malgré un léger rebond de l’inflation, à 2,3% en novembre contre 2% en octobre, ce niveau demeure inférieur aux prévisions de la BCE, fixées à 2,6% pour la fin d’année. Dans le même temps, la croissance reste timide et inégale selon les pays : l’Allemagne peine à dépasser une progression de 0,1% au troisième trimestre, alors que l’Espagne, elle, croît de 0,8%. Cette divergence complique l’adoption d’un taux commun adapté à l’ensemble de la zone euro.
Le paysage politique incertain en France et en Allemagne ajoute aux tensions. En France, la chute du gouvernement Barnier laisse le pays sans budget pour 2025, avec un déficit public atteignant 6,2% du PIB. En Allemagne, la crise industrielle persistante s’accompagne d’élections anticipées prévues en février 2025, suite à l’effondrement de la coalition du chancelier Olaf Scholz. Dans les deux cas, la stabilité politique et économique semble compromise, ce qui pourrait justifier une politique monétaire plus accommodante.
Deux scénarios dominent. Le plus probable reste celui d’une baisse de 0,25 point de pourcentage, ramenant le taux de dépôt autour de 3%. Cette option s’inscrit dans la continuité des réductions précédentes, graduelles et prudentes. Cependant, certains économistes n’excluent pas une baisse de 0,50 point de pourcentage, si les nouvelles projections macroéconomiques de la BCE, dévoilées jeudi, témoignent d’un net ralentissement de la croissance et d’un retour rapide de l’inflation vers l’objectif de 2%.
En toile de fond, la perspective d’un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier 2025 suscite des craintes. Une politique commerciale protectionniste américaine pourrait freiner les exportations européennes et, ce faisant, entraver davantage la reprise.
Vers une nouvelle communication de la BCE
Jusqu’à présent, la BCE a guidé sa politique « réunion par réunion », se fondant sur l’évolution des données. À mesure que l’inflation se normalise, l’institution pourrait cependant changer de ton et réintroduire une communication plus prospective, suggérant la possibilité d’autres baisses de taux au cours de l’année à venir.
La décision finale sera annoncée le 12 décembre à la mi-journée, suivie d’une conférence de presse de la présidente Christine Lagarde à 14h45. Cette prise de parole permettra d’éclaircir les intentions de la BCE, ainsi que la marge de manœuvre dont elle disposera en 2025 pour soutenir une économie européenne encore fragile et confrontée à de multiples incertitudes.