Cinq ans et demi après son tragique incendie, la cathédrale Notre-Dame de Paris est plus belle que jamais. De nouveau lumineuse sur son île de la Cité, dominant la Seine et veillant sur les Parisiens, à qui la Dame de Pierre doit-elle sa renaissance ? A priori, pas à la ville de Paris.
846 millions d’euros versés par 350 000 donateurs
Si Notre-Dame a rouvert ses portes samedi 7 décembre, c’est sans aucun doute grâce à la générosité inédite des milliers de donateurs. Petits ou grands, amoureux anonymes du patrimoine ou grosses fortunes françaises, le nombre des donateurs, issus de 150 pays pour restaurer la cathédrale, s’élève à 350 000 pour un total estimé à 850 millions d’euros de dons.
Pour reconstruire la vieille dame après l’incendie du 15 avril 2019, l’État avait lancé un appel aux dons. Dans cette opération de mécénat hors norme, les noms des milliardaires François Pinault, Bernard Arnault ou encore la famille Bettencourt, donneront à eux seuls 500 millions des 843 récoltés.
Fondée en 2017, l’association « Friends of Notre Dame de Paris » a aussi vu les donations déferler après l’incendie. Au total, elle recueille 57 millions de dollars auprès de 45 000 donateurs essentiellement américains.
Mais selon l’établissement public chargé du chantier de restauration de la cathédrale, « l’immense majorité » des millions rassemblés représentait des petits dons de particuliers : « On a beaucoup parlé des grands donateurs qui ont été très généreux mais il y a eu 300 000 petits donateurs » rappelle Stéphane Bern à l’AFP.
Sans cet élan de générosité, Notre-Dame n’aurait pas pu renaître de ses cendres. Quand est-il du côté de la ville de Paris ?
Où sont passés les 50 millions d’euros de dons promis par Anne Hidalgo ?
Malgré une promesse de dons de 50 millions d’euros par la maire Anne Hidalgo, Paris n’aura pas donné un centime.
« Il n’y a jamais eu de don de la part de la Ville de Paris. Certaines petites communes ont donné 10 ou 20 euros, ce qui montre l’attachement évident des Français à la restauration de Notre-Dame, mais Paris n’a pas donné un seul centime ! » déplore la conseillère d’opposition LR Brigitte Kuster. Ancienne députée de Paris, elle présidait la mission d’information pour la conservation et la restauration de la cathédrale jusqu’en 2022, chargée notamment du suivi de l’affectation des dons.
« Pire, Anne Hidalgo a envisagé de taxer le chantier, comme elle en a le droit. Cette taxe d’occupation du domaine public s’élevait à 3,7 millions d’euros par an, soit près de 20 millions directement impactés sur les dons. La médiatisation et l’alerte du Général Georgelin ont heureusement permis le recul de la ville de Paris sur cette taxe qui aurait été une aberration. » (Brigitte Kuster).
Le « chantier du siècle » continue avec les 146 millions d’euros restants
Comme le prévoit le texte de loi du 29 juillet 2019, les fonds récoltés lors de la souscription seront réservés à la rénovation de Notre-Dame. Les 146 millions d’euros restants devraient donc servir à une troisième phase du chantier qui débutera après la réouverture de la cathédrale au public, courant 2025. Selon l’Élysée, cette nouvelle étape consistera à rénover les extérieurs, des travaux estimés jusqu’à 170 millions d’euros selon la Fondation Notre-Dame.
Joyau architectural, la cathédrale Notre-Dame de Paris accueillait jusqu’à 13 millions de visiteurs annuels. Avec environ 30 000 à 50 000 personnes par jour, c’est le monument le plus visité au monde. La générosité inédite qui a suivi son incendie dévastateur nous rappelle l’importance de ce patrimoine pluriséculaire comme marqueur d’identité et l’enjeu universel de sa préservation.