Notre-Dame de Paris : la querelle des vitraux entre modernité et tradition

Entrevue 1

La restauration de Notre-Dame de Paris, ravagée par l’incendie de 2019, ravive un débat séculaire autour de ses vitraux. Alors que six verrières du XIXe siècle doivent être remplacées par des créations contemporaines, la polémique divise les défenseurs du patrimoine et les partisans d’une modernisation. Certains, comme l’association Sites et Monuments, dénoncent une violation de la charte de Venise, qui prône la conservation du dernier état historique connu. À l’inverse, l’Église et des experts soutiennent que même Viollet-le-Duc, responsable de la première restauration, regrettait l’absence de vitraux historiés dans certaines parties de l’édifice.

Cette controverse s’inscrit dans une tradition d’oppositions similaires. Déjà dans les années 1930, un projet visant à moderniser les vitraux avait suscité un tollé national avant d’être abandonné en pleine Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, un appel d’offres a permis de sélectionner huit artistes, dont des figures comme Daniel Buren et Yan Pei-Ming. Ces nouveaux vitraux, destinés à illuminer six chapelles, devront répondre à un cahier des charges strict imposant des motifs figuratifs sur le thème de la Pentecôte.

Malgré les tensions, ce projet reflète un enjeu plus large : concilier tradition et innovation dans un patrimoine mondialement reconnu. Si certains redoutent que les créations contemporaines brisent l’harmonie visuelle de la cathédrale, d’autres y voient une opportunité d’inscrire Notre-Dame dans l’histoire artistique actuelle. L’installation des vitraux, prévue pour 2026, pourrait marquer la fin de cette querelle – ou en ouvrir une nouvelle.

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