Les travaux de reconstruction de Notre-Dame de Paris, entrepris à la suite de l’incendie de 2019, ont permis de mener des fouilles archéologiques d’une ampleur inédite au cœur de la cathédrale. Entre février et avril 2022, les archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont exploré la croisée du transept, révélant des vestiges exceptionnels cachés sous le dallage. Parmi ces découvertes, deux sarcophages en plomb ont retenu toute l’attention : l’un contenait les restes du chanoine Antoine de La Porte, figure influente du clergé parisien au XVIIIe siècle, et l’autre, surnommé le « mystérieux cavalier », pourrait être attribué à une personnalité de renom, potentiellement le poète Joachim du Bellay.
En plus de ces sépultures, plus d’un millier de fragments issus du jubé, une structure médiévale détruite au moment de la Révolution française, ont été collectés. Pesant près de neuf tonnes, ces blocs ornementaux, présentant encore des traces de polychromie, offrent une opportunité unique de reconstituer cette pièce disparue du patrimoine de la cathédrale. Grâce aux techniques de conservation et de restauration actuelles, les chercheurs ambitionnent de créer une réplique virtuelle de ce décor, permettant ainsi de mieux comprendre l’art et l’architecture gothique de l’époque.
Les fouilles ne se sont pas limitées à l’intérieur de l’édifice. Des recherches menées autour de Notre-Dame ont révélé des vestiges encore plus anciens, retraçant l’histoire de l’île de la Cité bien avant l’édification de la cathédrale. Les archéologues ont mis au jour les traces d’une occupation gallo-romaine, datée du Ier siècle, ainsi que les fondations d’un vaste bâtiment carolingien. Ces éléments attestent de l’importance stratégique et religieuse de ce site, bien avant qu’il ne devienne l’emplacement de la célèbre cathédrale.
À la suite de l’incendie, un protocole minutieux a été mis en place pour trier les débris tombés au sol et ceux restés accrochés aux voûtes. Chaque fragment, qu’il s’agisse de bois calciné, de pierres effondrées ou d’éléments métalliques, a été soigneusement inventorié. Les gravats ainsi transformés en vestiges archéologiques font aujourd’hui l’objet de nombreuses études. Ces recherches visent non seulement à documenter l’histoire de Notre-Dame, mais aussi à restaurer et préserver cet héritage unique pour les générations futures.
Ces fouilles archéologiques, bien au-delà d’une simple opération de sauvetage, permettent d’éclairer l’histoire complexe de Notre-Dame de Paris et ouvrent de nouvelles perspectives pour l’étude des monuments historiques en Europe. Elles soulignent également l’importance d’une démarche scientifique rigoureuse dans la préservation de notre patrimoine culturel, révélant des trésors cachés et des récits enfouis depuis des siècles.