Le 8 novembre dernier, Noorullah Shirzada, journaliste en CDD pour France 3 Champagne-Ardenne, s’est vu refuser l’accès à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine lors d’une visite ministérielle d’Olga Givernet, ministre déléguée à l’Énergie. Alors qu’il se rendait sur place avec une collègue, son rédacteur en chef l’a informé qu’il devait faire demi-tour car sa nationalité afghane posait problème pour entrer dans la centrale.
Noorullah, installé à Reims depuis 2021 après avoir fui l’Afghanistan lors de la prise de pouvoir des Talibans, est en règle avec une carte de séjour et possède une carte de presse française. Ce refus lui a renvoyé une image douloureuse de discrimination, lui laissant un sentiment d’être traité comme un “citoyen de seconde zone”. Malgré son parcours, ses années de journalisme, et son engagement contre les exactions des Talibans, il explique se sentir injustement associé à la violence de son pays d’origine.
Une réaction syndicale et un soutien de Reporters sans frontières
Teddy Caruel, représentant syndical FO pour France 3, s’indigne de cette décision, soulignant que Noorullah a été évacué d’Afghanistan par un avion affrété par l’État français et qu’il a fourni tous les documents nécessaires. La chaîne a pris position en refusant de couvrir la visite et a demandé des explications à la préfecture de l’Aube. Reporters sans frontières (RSF) a également exprimé son inquiétude, évoquant une potentielle atteinte à la liberté de la presse et demandant des clarifications.
EDF et la préfecture de l’Aube en désaccord sur les raisons du refus
EDF, gestionnaire de la centrale, justifie ce refus par un envoi tardif des documents nécessaires à l’accréditation de Noorullah, démentant toute implication de la nationalité du journaliste. De son côté, la préfecture affirme que la décision relève uniquement d’EDF et qu’elle n’a joué aucun rôle dans ce refus.
Ce refus suscite un débat plus large sur le traitement réservé aux journalistes étrangers, surtout lorsqu’ils sont en situation régulière en France et engagés dans des activités professionnelles. Noorullah Shirzada exprime aujourd’hui le souhait de vivre en France sans subir de discriminations liées à son origine, et espère que cet incident n’est pas le reflet d’une réalité plus profonde.