Nomination à Matignon : le compte à rebours du président Macron

Entrevue 1

Emmanuel Macron s’apprête à désigner ce jeudi un nouveau Premier ministre, espérant mettre fin à la paralysie politique qui a suivi la censure historique du gouvernement Barnier il y a une semaine. Si la nomination était initialement prévue mercredi soir, le président, parti en déplacement en Pologne, devrait annoncer son choix à son retour dans la soirée. Le délai des « 48 heures » promis aux dirigeants des partis – du PCF à LR en passant par le PS et les écologistes, mais sans le RN ni LFI – arrive donc à expiration sans certitude d’un accord clair.

Les tractations des dernières heures révèlent une exigence du chef de l’État : s’assurer d’un « pacte de non-censure » permettant au futur gouvernement d’éviter une chute rapide. Emmanuel Macron consulte largement, et plusieurs personnalités sont évoquées. François Bayrou, fidèle allié centriste, semble favori, mais son nom ne fait pas l’unanimité, notamment chez Les Républicains, où certains lui reprochent son ralliement à François Hollande en 2012. D’autres préfèreraient une figure plus clairement macroniste comme Sébastien Lecornu, ministre des Armées, ou Catherine Vautrin. À gauche, le PS et certains écologistes restent pour l’heure réticents, dénonçant des choix qui, à leurs yeux, incarnent le « passé » et appelant à davantage de renouveau.

Quoi qu’il en soit, l’urgence est réelle. Le départ précipité de Michel Barnier, censuré après seulement trois mois à Matignon, laisse la France sans budget validé pour 2025. Une loi d’urgence, en cours d’examen, doit éviter la paralysie financière, mais nombre de mesures en faveur des particuliers et des entreprises ne pourront être reconduites sans un véritable accord majoritaire.

Malgré la brièveté de son passage, Michel Barnier entend toutefois laisser une empreinte symbolique à Matignon. La tradition, instaurée en 1978 par Raymond Barre, veut que chaque Premier ministre plante un arbre dans les jardins de l’hôtel de Matignon s’il y est resté au moins six mois. Barnier a choisi un érable rouge, rompant ainsi avec l’usage, puisqu’il n’a occupé ses fonctions qu’une poignée de semaines. Loin d’une simple curiosité botanique, ce choix pourrait être lu comme un clin d’œil aux « finances dans le rouge » qu’il laisse derrière lui. Son prédécesseur, Gabriel Attal, avait lui aussi planté un arbre malgré un passage éclair, tandis qu’Élisabeth Borne, en 2022, avait opté pour un chêne vert symbolisant l’adaptation au changement climatique.

Le prochain Premier ministre, dont on attend le nom d’ici quelques heures, héritera à la fois d’un champ politique fracturé et d’un paysage budgétaire incertain. Le compromis qu’Emmanuel Macron espère sceller avec les partis sera-t-il au rendez-vous ? Toute la question est là, alors que le pouvoir s’efforce de sortir de l’impasse institutionnelle.

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