Nicolas Sarkozy sort du silence sur la dissolution de l’assemblée et la montée du RN

15 juin, 2024 / Entrevue

Dans un entretien exclusif accordé au Journal du Dimanche, l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, revient sur plusieurs sujets brûlants de l’actualité politique française. Il aborde notamment la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron, la progression du Rassemblement National (RN) et les divisions au sein de la droite.

Une Dissolution Contestée

Nicolas Sarkozy assure qu’Emmanuel Macron ne l’a pas consulté avant de dissoudre l’Assemblée nationale. Il accepte cette décision, y voyant une expression normale des institutions françaises. Cependant, s’il avait été consulté, il aurait déconseillé cette démarche. Pour Sarkozy, cette dissolution représente un risque majeur tant pour le pays que pour le président. « Cette dissolution constitue un risque majeur pour le pays comme pour le président », explique-t-il au Journal du Dimanche. « Pour le pays, déjà fracturé, parce que cela peut le plonger dans un chaos dont il aura les plus grandes difficultés à sortir. Et pour le président, à qui il restait trois ans de mandat, et dont j’aurais préféré qu’il les utilisât pour accomplir ce que les Français souhaitent. »

La Montée du RN et l’Appel à la Cohérence

Sarkozy n’est pas surpris par le score historique du Rassemblement National aux dernières élections européennes. Il appelle Emmanuel Macron à plus de cohérence dans ses actions et ses déclarations. « Il me paraît difficile de dire : je veux donner la parole aux Français, et dans le même temps en désigner la moitié comme étant des extrêmes, sous-entendu, dont on ne peut pas tenir compte, car ils seraient dans l’erreur », analyse-t-il. Il reconnaît néanmoins les compétences de Macron, notamment sa grande intelligence, son impressionnante force de travail et sa profonde connaissance des dossiers, ainsi que les résultats obtenus sur le plan économique.

Pas d’Hostilité de Principe au RN

L’ancien président refuse de discréditer Jordan Bardella et le RN par principe, reconnaissant le travail effectué par le parti sur lui-même. Cependant, il s’interroge sur l’inexpérience de Bardella et sa capacité à gérer Marine Le Pen. Il critique également la décision d’Éric Ciotti, président des Républicains, de s’allier avec Marine Le Pen. Sarkozy estime que Ciotti a pris cette décision « inopportune » seul, sans un débat approfondi au sein du parti, ce qui a conduit à une impasse stratégique persistante depuis 2016.

Conclusion

Une semaine après la dissolution, Nicolas Sarkozy critique fermement l’initiative d’Emmanuel Macron et désapprouve également l’alliance conclue par Éric Ciotti avec le Rassemblement National. Pour Sarkozy, ces décisions risquent d’aggraver les fractures existantes et de compromettre la stabilité et l’avenir politique de la France.