L’affaire Mondafrique prend une nouvelle dimension après les révélations d’Entrevue confirmées par Arrêt sur Images ce jeudi 3 octobre. Nicolas Beau, directeur du média, reconnaît avoir cédé à l’influence de ses puissants actionnaires, dont les hommes d’affaires Antoun Sehnaoui et Mohamed Ould Bouamatou. En coulisses, ces financiers dictaient la ligne éditoriale de Mondafrique, en orientant ses publications pour protéger leurs intérêts et discréditer leurs adversaires. Les aveux de Nicolas Beau, qui admet des pratiques d’autocensure et de commandes d’articles, dévoilent comment un site d’information a été instrumentalisé au service de puissances économiques et politiques.
Ce jeudi 3 octobre, Arrêt sur Images a publié un article confirmant et reprenant les révélations de l’enquête d’Entrevue sur le média Mondafrique, dirigé par Nicolas Beau. Publiée le 24 septembre, l’enquête d’Entrevue exposait comment ce site d’information s’est progressivement transformé en un instrument au service de puissants financiers, utilisant ses colonnes pour promouvoir les intérêts de ses actionnaires et attaquer leurs adversaires économiques et politiques.
Arrêt sur Images a apporté des éléments supplémentaires, notamment les aveux de Nicolas Beau, qui a admis l’influence de ses actionnaires sur la ligne éditoriale de Mondafrique. Le principal concerné a ainsi confirmé ce que Entrevue révélait : Mondafrique publie des articles élogieux pour les amis de ses actionnaires et des articles à charge contre leurs ennemis économiques et politiques.
Mondafrique reconnaît les commandes d’articles de ses actionnaires
Lors de son entretien avec Arrêt sur Images, Nicolas Beau a admis ne pas avoir publié d’articles critiques à l’encontre de Riad Salamé, l’ex-gouverneur déchu de la Banque du Liban, poursuivi pour détournement de fonds et actuellement en détention. Il a même reconnu avoir délibérément évité de mentionner les « frasques financières » de Salamé, car « ses actionnaires au Liban » le soutenaient activement. Cette déclaration corrobore les révélations d’Entrevue sur le rôle d’Antoun Sehnaoui, proche de Salamé et co-actionnaire de Mondafrique. Walid Baddaoui, bras droit de Sehnaoui et actionnaire influent de Mondafrique, est également impliqué dans cette campagne éditoriale ciblée.
Nicolas Beau admet l’autocensure dictée par ses actionnaires
L’enquête d’Entrevue mentionnait également un autre actionnaire clé de Mondafrique : le milliardaire mauritanien Mohamed Ould Bouamatou. Exilé au Maroc, Bouamatou avait utilisé Mondafrique comme une vitrine pour des articles élogieux à son sujet, comme l’a démontré Entrevue. Nicolas Beau a confirmé à Arrêt sur Images qu’il s’était autocensuré à la demande de Bouamatou, en évitant toute critique du roi du Maroc.
Plus accablant encore, Beau a admis que cette autocensure était directement liée aux injections de fonds de Bouamatou dans Mondafrique. Selon ses propres termes, « Aujourd’hui, cet investisseur ne finance plus Mondafrique. Depuis, mes papiers sur le Maroc se durcissent progressivement. » Cette confession soulève une question cruciale : si Bouamatou revenait au capital de Mondafrique, la critique du Maroc cesserait-elle à nouveau ? Plus inquiétant encore, certains articles pourraient-ils être supprimés, comme cela a été le cas avec l’article à charge contre Omar Harfouch ?
La suppression controversée de l’article sur Omar Harfouch
Mondafrique avait publié un article à charge contre Omar Harfouch, mais cet article a ensuite été supprimé. Interrogé par Arrêt sur Images, Nicolas Beau a justifié cette suppression en invoquant une plainte en diffamation déposée par une personne mentionnée dans l’article, sans en préciser l’identité. Il a également admis une « erreur » pour ne pas avoir mentionné que cet article était une reprise d’un portrait publié en 2022 par le site libanais Ici Beyrouth, appartenant à… Antoun Sehnaoui.
La publication de cet article est survenue à un moment clé, alors qu’Omar Harfouch organisait son Concerto pour la Paix. Rappelons qu’Harfouch est reconnu pour son engagement contre la corruption au Liban, tandis que Sehnaoui et ses proches, comme Riad Salamé, sont au cœur de plusieurs scandales financiers. Pourquoi ressortir un article vieux de deux ans dont le seul but semble être de nuire, sans mentionner sa source initiale, un média appartenant à Antoun Sehnaoui ? Le timing suggère que cet article avait pour vocation de discréditer Harfouch à un moment stratégique, celui de son concerto pour la paix. Une fois cet événement passé, l’article n’avait tout simplement plus de raison d’être en ligne.
Arrêt sur Images confirme les révélations d’Entrevue
Bien que Arrêt sur Images ait tenté de minimiser certaines preuves avancées par Entrevue, ses propres investigations confirment la véracité de l’enquête initiale. Ce nouvel épisode valide ce qu’Entrevue avait mis en lumière : Mondafrique est devenu un instrument de propagande au service de financiers influents, sacrifiant l’indépendance journalistique au profit d’intérêts privés. Les aveux de Nicolas Beau auprès d’Arrêt sur Images renforcent encore davantage la crédibilité de notre enquête, en apportant des preuves supplémentaires de cette manipulation médiatique à grande échelle.