Dans une interview accordée à La Tribune, Nicky Doll, alias Karl Sanchez, est revenue sur son parcours hors du commun et son engagement pour l’acceptation de soi. À 33 ans, Nicky Doll s’est imposée comme la première drag-queen française à participer à RuPaul’s Drag Race aux États-Unis, avant de devenir présentatrice de la version française sur France 2. Mais derrière l’image flamboyante de Nicky se cache un parcours marqué par la lutte contre les préjugés et une quête de liberté.
Karl Sanchez, né à Marseille, a grandi entre les Caraïbes, le Maroc et la France, dans des environnements souvent peu tolérants envers la différence. Ce n’est qu’à son arrivée à Paris à 18 ans qu’il commence à explorer pleinement son identité à travers la performance et la communauté queer. Inspiré par les dessins animés des années 1990 et la pop culture japonaise, Karl crée alors Nicky Doll, une version idéale de lui-même.
Nicky Doll, une armure artistique
Nicky Doll, selon Karl, est plus qu’un simple personnage : « Elle est ma version idéale ». Elle lui permet d’embrasser sa féminité tout en affirmant sa masculinité dans un monde qui pointe souvent du doigt la différence. Grandir dans des cultures créole, musulmane et française, où la norme est souvent étroite, a forgé cette nécessité de créer un alter ego comme une « armure », un espace de liberté face aux regards hostiles.
Le parcours de Nicky Doll a pris une dimension politique lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, où elle a été vivement critiquée par les conservateurs, certains accusant même sa performance de blasphème. Mais Karl ne se laisse pas déstabiliser : « Faire du drag, c’est un doigt d’honneur glamour à la société ». Cette déclaration résume bien l’essence du drag, qui est pour lui un moyen de revendiquer la liberté d’être soi-même, même face à l’adversité. Cependant, certaines attaques, notamment des propos injurieux de l’ex-acteur britannique Laurence Fox, l’ont conduit à porter plainte.
Un chemin de vie émancipateur(
Bien que son enfance à Tanger, où l’homosexualité est illégale, ait été marquée par des difficultés, Karl a trouvé son émancipation à New York. Là, malgré un second coming out dans un milieu encore méfiant envers la différence, Nicky Doll a pris son envol, devenant un symbole de résilience.
Pour l’avenir, Karl espère que Nicky sera toujours une partie de lui, mais peut-être avec moins de pression scénique. « Je lui souhaite d’être assez riche pour ne pas être obligée de monter sur scène, même si elle adore ça », confie-t-il. Nicky Doll, actuellement en tournée avec Drag Race France Live, continue d’inspirer des milliers de fans, affirmant sa place unique dans le paysage culturel français.
L’interview de Karl Sanchez alias Nicky Doll est un témoignage vibrant d’une lutte pour la reconnaissance de soi, à travers le prisme du glamour et de la liberté artistique.