Le tribunal administratif de Nice a annulé le contrat passé entre la régie métropolitaine Parcs d’Azur et l’atelier Missor pour la réalisation d’une statue monumentale de Jeanne d’Arc, invoquant une violation des règles de publicité et de mise en concurrence. Cette décision, rendue le 14 janvier, impose à la ville de démonter l’œuvre, installée en décembre 2024 dans un jardin public au-dessus d’un nouveau parking souterrain près de l’église Sainte-Jeanne-d’Arc.
Une commande sous le feu des critiques
Le contrat, d’un montant de 170 000 euros hors taxes, avait été attribué sans appel d’offres dans le cadre du dispositif du « 1 % artistique », une procédure qui permet de financer des œuvres d’art public. Cependant, le tribunal a jugé que cette commande à l’atelier Missor, un collectif d’artistes niçois, n’était pas justifiée par des « raisons artistiques particulières ». Le préfet des Alpes-Maritimes, Hugues Moutouh, avait saisi la justice en février 2024, estimant que le contrat violait les règles des marchés publics.
Le tribunal a également ordonné le remboursement des sommes versées à l’atelier Missor. La régie Parcs d’Azur, qui a annoncé faire appel de cette décision, devra néanmoins exécuter le jugement immédiatement, l’appel n’étant pas suspensif.
Une controverse dès son inauguration
La statue, en bronze doré à l’or fin, mesure 4,50 mètres de haut et pèse 9 tonnes. Représentant Jeanne d’Arc à cheval, elle avait été dévoilée en grande pompe en octobre 2024 par le maire Christian Estrosi, mais sa réalisation avait rapidement fait l’objet de critiques. L’élu écologiste Jean-Christophe Picard avait notamment signalé des soupçons de favoritisme au procureur de la République, déclenchant une enquête toujours en cours.
Christian Estrosi avait alors défendu son choix en affirmant : « Nous avons voulu une œuvre culturelle de qualité, et non un projet basé sur le moins-disant. »
Une polémique qui soulève des questions de gouvernance
Cette affaire met en lumière les tensions autour de la commande publique dans le domaine artistique. Si la ville revendique la nécessité de préserver une liberté créative, la justice insiste sur le respect des règles de transparence et de concurrence. La statue de Jeanne d’Arc, initialement perçue comme un hommage culturel, devient ainsi un symbole de débats plus larges sur la gestion des projets artistiques financés par des fonds publics.