Naufrage d’un bateau de migrants aux Canaries : au moins neuf morts et 48 disparus

28 septembre, 2024 / Entrevue

Dans la nuit de vendredi à samedi, le naufrage d’un bateau transportant des migrants au large de l’île d’El Hierro, dans l’archipel des Canaries, a entraîné la mort d’au moins neuf personnes et la disparition de 48 autres. Cet incident s’ajoute aux nombreux drames sur la dangereuse « route de l’Atlantique », qui relie l’Afrique à l’Europe, une voie mortelle pour des milliers de migrants en quête d’une vie meilleure.

Selon les services de secours maritimes espagnols, le bateau en détresse se trouvait à environ 4 milles nautiques (soit environ 7 km) au sud du port de La Estaca, sur l’île d’El Hierro. Au total, 84 personnes étaient à bord au moment de l’accident. L’alerte a été donnée à 00h14 heure locale. Les équipes de sauvetage ont pu secourir 27 personnes et ont retrouvé neuf corps, tandis que 48 personnes restent portées disparues. Les autorités précisent que l’embarcation a chaviré lorsque les passagers se sont rassemblés d’un côté du bateau, rendant les opérations de sauvetage extrêmement difficiles, surtout dans des conditions de nuit et avec des vents de 20 nœuds.

Un drame récurrent sur la route de l’Atlantique

Ce naufrage survient alors qu’en début de septembre, une autre tragédie avait déjà fait au moins 39 morts au large du Sénégal, illustrant une nouvelle fois la dangerosité de cette route migratoire. Depuis plusieurs années, des milliers de personnes ont péri en tentant la traversée de l’Atlantique pour rejoindre les Canaries, à bord de bateaux surchargés et souvent vétustes.

Fernando Clavijo, président de la région des Canaries, a réagi sur le réseau social X, exprimant sa tristesse face à cette nouvelle tragédie. Il a appelé l’Espagne et l’Union Européenne à réagir fermement face à ce qu’il qualifie de « drame humanitaire structurel », rappelant que « ce sont des enfants, des femmes et des hommes, des vies qui s’éteignent à quelques mètres de la frontière sud de l’Europe ».

La « route canarienne » : une voie de migration de plus en plus empruntée

La « route canarienne » a pris son nom à partir du 28 août 1994, lorsque deux jeunes Sahraouis ont atteint l’archipel des Canaries à bord d’une petite barque. Depuis, près de 200.000 migrants ont emprunté cette voie dangereuse pour tenter de rejoindre l’Europe. Depuis le début de l’année 2024, le nombre de migrants arrivant aux Canaries a explosé, avec 22.304 arrivées enregistrées au 15 août, contre 9.864 à la même période en 2023, soit une augmentation de 126%. En 2023, près de 40.000 migrants avaient atteint les Canaries, un chiffre qui pourrait dépasser les 50.000 cette année en raison de l’amélioration des conditions de navigation en automne, qui favorise une recrudescence des traversées.

Malgré la hausse de ces arrivées, la traversée reste extrêmement périlleuse, méritant le surnom de « route de la mort ». Les bateaux utilisés sont souvent des rafiots bondés, mal équipés pour affronter les courants violents de cette partie de l’Atlantique, qui provoquent de nombreux naufrages. Certains migrants partent de points situés à des milliers de kilomètres des Canaries, rendant la traversée encore plus hasardeuse.

Des chiffres alarmants de mortalité

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), au moins 4.857 personnes ont péri ou ont disparu sur cette route entre 2014 et aujourd’hui, bien que ces chiffres soient probablement en deçà de la réalité. L’ONG espagnole Caminando Fronteras, qui recueille des témoignages de survivants, estime quant à elle que 18.680 personnes ont perdu la vie dans leur tentative de rejoindre l’Europe via cette voie maritime.

Les tragédies répétées sur la route des Canaries soulignent la nécessité d’une action concertée pour assurer une migration plus sûre et mieux régulée. Fin août, l’Espagne a signé des accords avec la Mauritanie et la Gambie pour renforcer la lutte contre les passeurs de migrants et favoriser une migration régulée. Néanmoins, les événements de ces derniers jours montrent que la situation reste alarmante et que le besoin d’une réponse humanitaire et politique est plus urgent que jamais.