Mort d’Athol Fugard, le dramaturge sud-africain qui a défié l’apartheid

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Athol Fugard, figure emblématique du théâtre sud-africain et fervent opposant à l’apartheid, est décédé le 8 mars à l’âge de 92 ans, a annoncé la ville du Cap. Auteur de plus de trente pièces, il s’était illustré dès les années 1960 en réunissant sur scène des acteurs noirs et blancs, bravant ainsi les lois raciales du régime. Son engagement artistique et politique a fait de lui l’une des voix les plus marquantes du théâtre mondial.

Né en 1932 à Middelburg, Athol Fugard grandit dans une Afrique du Sud où la ségrégation se renforce. Dès ses débuts, il choisit de dénoncer les injustices du système à travers ses pièces, notamment The Blood Knot (1961), qui met en scène deux demi-frères, l’un noir et l’autre blanc, face à un public multiracial, une première sous l’apartheid. Il s’associe ensuite à la troupe Serpent Players, où il travaille avec des acteurs noirs comme John Kani et Winston Ntshona, co-écrivant avec eux des œuvres marquantes telles que Sizwe Banzi is Dead et The Island, toutes deux interdites en Afrique du Sud mais jouées à l’étranger.

Sa pièce Boesman and Lena (1969), qui raconte la vie difficile d’un couple noir, connaît un retentissement international et sera adaptée au cinéma en 2000. Mais c’est son roman Tsotsi (1980) qui marquera un tournant : son adaptation cinématographique en 2005 par Gavin Hood décroche l’Oscar du meilleur film étranger, offrant une visibilité mondiale à son œuvre. Malgré la fin de l’apartheid en 1994, Fugard continue d’explorer l’héritage du régime dans ses créations, affirmant en 1995 : « L’apartheid m’a défini, mais je suis fier du travail qu’il a inspiré. »

Tout au long de sa carrière, Athol Fugard a reçu de nombreuses distinctions, dont un Tony Award en 2011 pour l’ensemble de son œuvre. Son influence sur le théâtre contemporain reste considérable, lui qui a su, par ses mots et son engagement, exposer au monde l’inhumanité de la ségrégation et la nécessité de la justice.

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