L’agence de notation Moody’s a annoncé, dans la nuit du samedi 14 décembre, la dégradation de la note souveraine de la France, qui passe de Aa2 (perspective négative) à Aa3 (perspective stable). Ce changement intervient le jour même de la nomination de François Bayrou au poste de Premier ministre, marquant un premier défi majeur pour son gouvernement.
Dans son communiqué, Moody’s explique que cette décision reflète une inquiétude croissante sur les finances publiques françaises. L’agence estime que la « fragmentation politique » risque de freiner une consolidation budgétaire significative, affaiblissant ainsi la capacité du pays à réduire son déficit et sa dette dans les années à venir.
Un contexte politique et économique délicat
Cette annonce survient dans un climat politique tendu. Le 4 décembre, une motion de censure déposée contre le précédent gouvernement dirigé par Michel Barnier avait entraîné sa chute. Cet épisode avait déjà été perçu comme un signal inquiétant par Moody’s, qui avait prévenu à l’époque que cet événement pourrait avoir un impact négatif sur la note souveraine de la France.
Le ministre des Finances, Antoine Armand, a réagi rapidement, affirmant avoir « pris acte » de cette décision. « L’agence Moody’s a mis en avant les récents développements parlementaires et l’incertitude actuelle concernant l’amélioration de nos finances publiques. J’en prends acte », a-t-il déclaré, tout en soulignant que la nomination de François Bayrou traduisait une volonté politique claire de redresser la situation économique.
Cette dégradation pourrait avoir des conséquences directes sur les taux d’emprunt de la France sur les marchés financiers, les rendant potentiellement plus élevés. Pour l’instant, les marchés avaient relativement bien accueilli la période d’instabilité politique qui avait suivi la chute du gouvernement Barnier, dans l’attente de la formation d’un nouvel exécutif.
Cependant, cette décision de Moody’s, prise en dehors du calendrier habituel des notations (généralement fixées au printemps et à l’automne), pourrait précipiter un effet domino. Les autres agences majeures, Fitch et S&P Global Ratings, maintiennent pour l’instant des notes plus stables pour la France, mais leurs prochaines évaluations seront scrutées de près.
François Bayrou face à une mission ardue
Dans son discours de passation de pouvoir, François Bayrou a insisté sur la nécessité de réduire le déficit public et la dette. « J’ai mené des campagnes présidentielles sur ce thème. Je sais à quel point cette bataille est cruciale », a-t-il déclaré. Cependant, cette mission déjà complexe se complique davantage avec la dégradation de la note par Moody’s. L’urgence pour le nouveau Premier ministre sera de restaurer la confiance des marchés financiers et de montrer des avancées concrètes sur le plan budgétaire.
Cette décision marque un avertissement sévère pour l’exécutif, alors que les prochaines semaines seront décisives pour la mise en place d’une stratégie économique à même de rassurer les investisseurs et de stabiliser la situation politique.
