Dans son « baromètre racisme » annuel, publié ce jeudi 27 juin, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) souligne une « montée des crispations identitaires » et une « progression sensible » de l’antisémitisme et du rejet de l’imigration. Bien que les Français « restent avant tout préoccupés par les enjeux socio-économiques liés à la montée de l’inflation », la CNCDH note un abaissement de l’indice de tolérence pour la seconde année consécutive.
Au cœur de cet abaissement, l’antisémitisme semble avoir pris une place fondamentale, s’affirmant comme l’enjeu majeur de cet indice sur l’année 2023. « L’année 2023 a été marquée par un nombre d’actes antisémites très élevé » et « en nette recrudescence », note la Commission dans son rapport. La CNCDH fait également la différence entre deux fléaux : le « vieil antisémitisme », véhiculant des préjugés ancestraux tels que la croyance en un pouvoir excessif ou le rapport à l’argent, et le « nouvel antisémitisme », structuré par les perceptions des liens entre les Juifs et Israël depuis les attaques du 7 octobre 2023. Si le « viel antisémtisime » reste « plus marqué à droite qu’à gauche », où il « continue à battre des records à droite et plus particulièrement à l’extrême droite », le « nouvel antisémitisme » est attribué « non plus à l’extrême droite mais à l’islamisme radical ». Le rapport note en effet qu’il « existe de l’antisémitisme à gauche, tout particulièrement à la gauche de la gauche, chez les proches des Insoumis et d’EELV notamment », mais à un niveau « sans comparaison avec celui observé à l’extrême droite et chez les proches du Rassemblement national ». La CNCDH marque ainsi l’extrême droite comme la principale menace dans ce domaine.
Par ailleurs, le rapport marque également que l’immigration est un sujet sensible pour les Français. En effet, les chiffres de la Commission montrent que 56% d’entre eux pensent qu’il y a aujourd’hui « trop d’immigrés » dans notre pays, un chiffre un augmentation de 3 points par rapport à 2023. De même, 51% d’entre eux considèrent que « aujourd’hui en France, on ne se sent plus chez soi comme avant », soit une hausse de 3 points également. Enfin, 52% des Français estiment que « les étrangers devraient avoir les mêmes droits que les Français », soit une baisse de 5 points par rapport à l’année dernière.
L’antisémitisme et l’immigration sont deux des principaux sujets au cœur de la campagne des élections législatives anticipées, dont le premier tour aura lieu dans trois jours. Face à ce constat, la CNCDH a elle-aussi donné des consignes de vote, appelant le 12 juin à se mobiliser contre l’extrême droite durant ces élections.
Simon Bradane