Moldavie : Nathalie Loiseau dénonce la stratégie néocoloniale de la Russie

21 octobre, 2024 / Entrevue

Dans une interview accordée à L’Opinion, Nathalie Loiseau, eurodéputée Horizons et membre de la commission des affaires étrangères du Parlement européen, analyse le récent référendum en Moldavie et les défis géopolitiques qui l’entourent. Ce scrutin, qui a vu une victoire de justesse (50,39 %) en faveur de l’adhésion à l’Union européenne, met en lumière l’influence grandissante de la Russie dans la région.

L’ingérence russe : une guerre hybride

Pour Nathalie Loiseau, la Russie a déployé une véritable guerre hybride contre la Moldavie afin de bloquer ses aspirations européennes. « Moscou a utilisé tous les moyens non militaires à sa disposition : achats de voix, soutien à des mouvements violents, création de leaders politiques fictifs, en particulier en Gagaouzie, et désinformation à grande échelle », explique-t-elle. Cette ingérence s’inscrit, selon elle, dans une stratégie néocoloniale visant à maintenir la Moldavie sous influence russe, malgré sa neutralité et son refus d’adhérer à l’OTAN.

Nathalie Loiseau salue le courage de la présidente moldave Maïa Sandu d’avoir organisé ce référendum, alors même que la Moldavie avait déjà obtenu le statut de candidat à l’Union européenne. Selon l’eurodéputée, ce scrutin, bien que difficile et marqué par l’ingérence russe, montre la volonté démocratique du peuple moldave. Elle souligne également les réformes ambitieuses menées par le gouvernement moldave, notamment dans la lutte contre la corruption.

Les conséquences pour l’Europe

Le basculement de la Moldavie dans l’orbite russe aurait eu des conséquences lourdes non seulement pour la région, mais aussi pour l’Europe. « Ce n’est pas le moment de se reposer sur nos lauriers. Il faut aider la Moldavie à se protéger et sécuriser notre voisinage », affirme Loiseau. Elle appelle à renforcer le soutien européen à la Moldavie, notamment face aux menaces hybrides, pour éviter qu’un pays comme la Moldavie ne devienne une nouvelle Biélorussie sous l’influence de Moscou.

Nathalie Loiseau rappelle que la Moldavie, malgré ses difficultés économiques et la perte de la Transnistrie sous contrôle séparatiste soutenu par la Russie, continue de croire en son avenir au sein de l’Union européenne. Elle évoque aussi les parallèles avec d’autres anciennes républiques soviétiques, comme la Géorgie et l’Ukraine, qui, elles aussi, se tournent vers Bruxelles au grand dam du Kremlin.