Moldavie : le « non » à l’adhésion à l’UE en tête, un revers pour Maia Sandu

21 octobre, 2024 / Entrevue

Le rejet du principe d’adhésion à l’Union européenne (UE) par les Moldaves lors du référendum de dimanche, selon les résultats partiels, constitue une surprise politique majeure et un revers pour la présidente sortante, Maia Sandu. Si ces résultats se confirment, cela pourrait marquer un coup d’arrêt pour la trajectoire européenne de la Moldavie, un petit pays situé entre la Roumanie, membre de l’UE, et l’Ukraine en guerre.

Le scrutin, marqué par des accusations d’ingérence russe massives, révèle que 53 % des électeurs se sont prononcés contre l’inscription de l’objectif européen dans la Constitution. Toutefois, la situation reste incertaine, des bulletins de vote, notamment ceux de la capitale Chisinau et de la diaspora moldave, devant encore être comptabilisés. Ces régions sont historiquement plus favorables à l’UE.

Une situation tendue et des accusations d’ingérence

Le référendum, organisé par Maia Sandu pour légitimer sa stratégie pro-européenne, s’est déroulé dans un climat tendu, avec des soupçons d’ingérence russe omniprésents. La présidente, qui a tourné le dos à Moscou après l’invasion de l’Ukraine, a dénoncé « une attaque sans précédent contre la démocratie ». Selon elle, des forces étrangères et des groupes criminels, financés par des dizaines de millions d’euros, ont tenté de manipuler l’opinion publique moldave à travers la désinformation et l’achat de voix.

Ces dernières semaines, la police moldave a mené 350 perquisitions et procédé à des centaines d’interpellations, visant des suspects accusés de vouloir perturber le processus électoral pour le compte de Moscou. Un système « sans précédent » d’achat de votes a été mis au jour, touchant jusqu’à un quart des électeurs.

Un premier tour de la présidentielle sous tension

Le référendum s’est déroulé en parallèle du premier tour de l’élection présidentielle, où Maia Sandu a tout de même obtenu 36 % des voix, se qualifiant ainsi pour le second tour prévu le 3 novembre. Son adversaire sera Alexandr Stoianoglo, soutenu par les socialistes prorusses, qui a obtenu un score inattendu de 29 %. Stoianoglo, ancien procureur limogé par Sandu, a axé sa campagne sur la promesse de « restaurer la justice » et de maintenir une politique étrangère « équilibrée », laissant la porte ouverte à un rapprochement avec la Russie.

Ce résultat constitue un coup dur pour la présidente, qui espérait que ce référendum consoliderait le soutien populaire pour son programme pro-européen. Stoianoglo, bien qu’abstentionniste lors du référendum, incarne une alternative pour les électeurs désenchantés par les difficultés économiques et la montée de l’inflation, qui a durement frappé ce pays de 2,6 millions d’habitants.

La Moldavie, qui a entamé des négociations d’adhésion avec l’UE en juin dernier, se retrouve à un carrefour décisif. Maia Sandu, première femme à occuper la présidence du pays, est devenue en quatre ans une figure de proue du camp pro-européen en Moldavie. L’ancien bastion soviétique est tiraillé entre les influences russes et occidentales, et l’avenir de son alignement géopolitique pourrait basculer.

Si Sandu devait échouer à remporter la présidentielle ou à voir ses ambitions européennes confirmées par le référendum, cela représenterait un recul pour l’intégration européenne de la Moldavie. Le scrutin du 3 novembre s’annonce donc déterminant pour l’avenir de cette ancienne république soviétique, à la croisée des chemins entre l’Otan et la sphère d’influence russe.