Ce dimanche, les Moldaves se rendent aux urnes pour le second tour de l’élection présidentielle, un choix crucial qui déterminera l’avenir géopolitique de cette petite nation d’Europe de l’Est, tiraillée entre aspirations européennes et influence russe.
Ce scrutin se déroule dans un contexte de fortes tensions. La présidente sortante, Maia Sandu, âgée de 52 ans, pro-européenne convaincue et ancienne économiste de la Banque mondiale, se représente face à Alexandr Stoianoglo, ancien procureur soutenu par les socialistes prorusses. En amont de cette élection, les autorités moldaves ont signalé d’importantes tentatives d’ingérence de la Russie, cherchant à influencer les résultats. Le Kremlin nie toute implication.
Un référendum marquant sur l’avenir européen de la Moldavie
Le 20 octobre dernier, les Moldaves se sont déjà prononcés en faveur d’une adhésion à l’Union européenne, lors d’un référendum approuvé de justesse (50,35 % de « oui »). Ce vote a été marqué par des soupçons d’achats de voix orchestrés, selon les autorités moldaves, par l’oligarque Ilan Shor, actuellement en exil en Russie. Condamné par contumace pour fraude en 2023, Shor aurait acheminé des millions d’euros vers les électeurs moldaves par le biais d’une banque russe. Des mesures de lutte contre la corruption et des saisies d’argent liquide ont eu lieu en réponse à ces irrégularités.
La Moldavie reste extrêmement polarisée, avec des zones urbaines et une diaspora favorables à l’intégration européenne, tandis que les zones rurales et les régions de Transdniestrie et Gagaouzie, influencées par la Russie, préfèrent un équilibre entre l’Est et l’Ouest. Stoianoglo, prônant cette vision équilibrée, se présente comme un candidat de « réconciliation » et nie tout lien avec Moscou. En revanche, Sandu appelle à un soutien ferme pour un avenir tourné vers l’Union européenne.
Dans l’entre-deux tours, le camp de Sandu a intensifié sa campagne, dénonçant les tentatives de manipulation et les achats de votes supposés. La police a même émis des avertissements au public contre toute tentative de corruption électorale. Stoianoglo a également nié toute implication dans des pratiques frauduleuses, se disant le président de « tous les Moldaves ».
Un impact international
Ce vote, observé de près par Bruxelles et Washington, inquiète les alliés de la Moldavie, qui redoutent que la Russie utilise des tactiques de déstabilisation pour ramener le pays dans sa sphère d’influence. Les autorités moldaves rapportent une vague de désinformation, notamment par l’envoi de faux courriels menaçants destinés à effrayer les électeurs. Selon l’expert Andrei Curararu, la Russie déploie des moyens financiers sans précédent pour tenter d’influencer le processus électoral.
Emmanuel Macron, président français, a exprimé son soutien à Maia Sandu, affirmant que l’adhésion à l’Europe représente pour la Moldavie une voie de « liberté et de démocratie ». Ce message fait écho à l’espoir de nombreux Moldaves de s’intégrer à l’Union européenne, bien que certains habitants, inquiets des tensions avec la Russie et des risques de conflit, penchent en faveur de relations pacifiées avec Moscou.
Les bureaux de vote fermeront à 21h, heure locale, et les premiers résultats partiels sont attendus peu après. Ce scrutin crucial pourrait redéfinir la place de la Moldavie entre l’Est et l’Ouest, dans un contexte international tendu.