La dangerosité de Mohamed Amra, évadé récemment après une attaque violente, a-t-elle été sous-estimée par la justice ? C’est la question que se pose aujourd’hui le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti. Suite aux révélations du Parisien, le ministre a annoncé ce mercredi, lors de la séance des questions au gouvernement devant le Sénat, une enquête administrative pour faire la lumière sur la prise en charge du détenu Amra.
Évasion Sanglante
Le 14 mai dernier, Mohamed Amra, en détention provisoire pour un meurtre commis en 2022 à Marseille, s’est évadé lors d’une attaque au péage d’Incarville (Eure). Cette embuscade a entraîné la mort de deux agents de l’administration pénitentiaire et en a blessé trois autres. L’évasion, marquée par une extrême violence, a profondément choqué le système pénitentiaire, déclenchant des mouvements de blocage dans plusieurs prisons. À ce jour, Amra, âgé de 30 ans, est toujours en cavale.
Écoutes Téléphoniques Révélatrices
Le Parisien a récemment révélé que la cellule de Mohamed Amra à la prison de la Santé avait été sonorisée dans le cadre d’une enquête pour meurtre. Ces écoutes ont montré qu’Amra dirigeait depuis sa cellule un trafic de stupéfiants et organisait des vols de drogue grâce à de nombreux téléphones. Ces conversations révélaient également qu’il disposait de relais solides à l’extérieur, capables de réaliser des enlèvements pour son compte, et potentiellement de faciliter une évasion.
Une Surveillance Inadaptée ?
Les révélations des écoutes ont mis en évidence une extrême duplicité de Mohamed Amra, capable de manipulations et de trahisons sophistiquées. Éric Dupond-Moretti a affirmé avoir découvert ces éléments récemment dans la presse, ce qui soulève des questions sur le partage d’informations entre la magistrate en charge des écoutes et l’administration pénitentiaire. Si la dangerosité réelle d’Amra avait été connue, son escorte aurait été renforcée, rendant son évasion plus difficile.
Enquête et Réformes à Venir
Le ministre de la Justice a mandaté l’Inspection générale de la Justice pour enquêter sur d’éventuelles failles dans le partage d’informations entre les différentes entités impliquées. Les résultats de cette enquête pourraient influencer le projet de loi contre la criminalité organisée prévu pour l’automne. Par ailleurs, Éric Dupond-Moretti a prévu de rencontrer les directeurs interrégionaux des services pénitentiaires pour discuter de nouvelles mesures de sécurité pour les détenus les plus dangereux.
L’évasion dramatique de Mohamed Amra et ses conséquences tragiques mettent en lumière des faiblesses dans la gestion et la surveillance des détenus dangereux. La justice cherche désormais à comprendre les défaillances pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent.
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