MODE – Maya Chantout : « Avant la guerre en Syrie, j’ai toujours su que je voulais venir à Paris, ville de la mode. Il n’y avait pas d’autre option dans ma tête. »

07 juillet, 2024 / Entrevue

À tout juste 30 ans, Maya Chantout a déjà vécu plusieurs vies, qu’elle fusionne avec grâce. Après avoir grandi à Damas, en Syrie, jusqu’à ses 18 ans, la guerre a précipité son départ pour Paris, la ville de ses rêves. De la fuite d’un pays en guerre aux grandes maisons de couture françaises, en passant par le prestigieux Prix LVMH des jeunes diplômés, Maya revient dans une interview qu’elle nous a accordée sur son incroyable parcours. Un entretien réalisé par Najwa Harfouch à retrouver en intégralité dans le nouveau numéro d’Entrevue, en vente dans toute la France. Voici un extrait…

Najwa Harfouch : Bonjour Maya. Comment était-ce de grandir à Damas ?
Maya Chantout : J’ai eu une très belle enfance, mes deux parents étant artistes, j’ai vécu en communauté. Nous allions voir des expositions, sortions à l’opéra… J’étais inscrite au conservatoire de musique, j’ai donc eu une enfance et adolescence très riche culturellement. La Syrie était dans une période où elle s’ouvrait au monde, notre vie ne faisait que s’améliorer, mes parents travaillaient beaucoup, nous voyagions de plus en plus. Quand j’y repense, nous vivions comme si l’on savait que c’était nos dernières années avant de tout perdre. Nous étions dans l’instant présent, vivants. 

Ta décision de partir de Syrie, accélérée par la guerre, est-elle arrivée comme une suite logique pour toi ? 
Avant la guerre en Syrie, j’ai toujours su que je voulais venir à Paris. Mon père y avait fait ses études d’art. Et Paris étant la ville de la mode, il n’y avait pas d’autre option dans ma tête. J’étais obsédée par ça, et la guerre a accéléré les choses. 

Comment décrirais-tu tes premières années en France ?
Quand je suis arrivée en France, j’avais des sentiments très partagés, car j’étais très triste vis-à-vis de ce qui se passait en Syrie. J’avais ce qu’on appelle le « survivor’s guilt » ( la culpabilité du survivant, Ndlr. ). Je suis partie facilement de la Syrie, donc je me suis sentie coupable, mais mon goût pour la vie s’est décuplé : il fallait que j’accomplisse tous mes objectifs. J’avais cette chance qui n’était pas donnée à tout le monde et qu’il ne fallait pas gâcher. Cela m’a donné beaucoup de force. Je me suis accrochée à cette chance. Pouvoir vivre ma vie, être acceptée dans mon école de rêve. Je me suis adaptée très vite à la vie parisienne, j’étais très excitée.

Vous voulez en savoir plus ? Retrouvez l’intégralité de l’interview de Maya Chantout par Najwa Harfouch dans le nouveau numéro d’Entrevue, en vente partout en France.