La start-up française Mistral AI passe à la vitesse supérieure. Son jeune patron, Arthur Mensch, a révélé ce dimanche soir la construction prochaine d’un centre de données dédié à l’intelligence artificielle en France. Cet investissement colossal, chiffré à plusieurs milliards d’euros, témoigne de la volonté de Mistral AI de renforcer son indépendance technologique et d’accélérer le développement de ses modèles d’intelligence artificielle. Ce projet prendra forme dans l’Essonne, sur le plateau de Saclay, au sein d’un centre de données ultra-sécurisé et de plusieurs milliers de mètres carrés. L’objectif est de maîtriser toute la chaîne de valeur, depuis les infrastructures jusqu’aux logiciels.
Arthur Mensch justifie ce choix par un constat simple : l’Europe souffre d’un manque criant de capacités de calcul et de ressources pour former ses propres modèles d’IA. En développant son propre centre de données, Mistral AI entend pallier ce retard et réduire sa dépendance aux infrastructures étrangères, notamment américaines et chinoises, où sont aujourd’hui localisées la majorité des centres de calcul. La localisation en France a été déterminée par plusieurs critères, notamment l’efficacité énergétique et la faible empreinte carbone du mix énergétique français, ainsi que la qualité des techniciens locaux.
L’investissement de Mistral AI s’inscrit dans un contexte de forte compétition mondiale. Alors que les États-Unis et la Chine dominent le secteur, avec des investissements colossaux, la France veut se positionner comme un acteur clé grâce à des projets stratégiques. Emmanuel Macron, à l’occasion du sommet international sur l’intelligence artificielle qui débute ce lundi à Paris, a réaffirmé l’importance pour la France de jouer un rôle central dans cette révolution technologique. Toutefois, le chemin est encore long : les chiffres montrent un écart considérable entre les montants investis en France et ceux mobilisés outre-Atlantique.
Mistral AI espère faire de ce projet un levier de croissance en France et au-delà, tout en poursuivant ses ambitions scientifiques. Le développement de ce centre de données devrait permettre de concevoir des modèles de langage encore plus performants et accessibles à un large public. L’enjeu est de taille, car selon les prévisions, l’intelligence artificielle pourrait représenter 15 % de la richesse mondiale d’ici cinq ans. Pour rattraper son retard, la France devra continuer d’attirer des investissements et des talents tout en renforçant la collaboration avec ses voisins européens.