Ministère des Solidarités : le handicap disparaît, les associations s’inquiètent

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Le nouveau gouvernement Barnier suscite une vive inquiétude parmi les acteurs du secteur du handicap. Le ministère des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Égalité entre les femmes et les hommes, confié à Paul Christophe, ne mentionne plus explicitement le terme « handicap », une première depuis les années 1980. Cette absence dans l’intitulé du ministère a déclenché une vague de critiques, notamment de la part de plusieurs associations, qui y voient une forme de recul pour la reconnaissance des droits des personnes en situation de handicap.

Une nomination qui interroge

Paul Christophe, député du Nord et membre du parti Horizons, a été nommé ministre des Solidarités le 21 septembre 2024, en remplacement de Catherine Vautrin. Inconnu du grand public, il est épaulé par Agnès Canayer, secrétaire d’État chargée de la Famille et de la Petite Enfance, et Salima Saa, à l’Égalité entre les femmes et les hommes. Cependant, contrairement au gouvernement précédent, aucun portefeuille dédié spécifiquement au handicap n’a été créé. Fadila Khattabi, qui occupait auparavant cette fonction en tant que ministre déléguée, n’a pas été remplacée.

Pour la première fois depuis quatre décennies, le mot « handicap » disparaît de l’organigramme gouvernemental, une situation qui a fait réagir les associations de défense des droits des personnes handicapées. Philippe Croizon, para-athlète et figure du combat pour l’inclusion, a exprimé sa colère sur RTL : « C’est de la tristesse et de la colère. […] On parlait d’un héritage des Jeux paralympiques, mais il aura été vite enterré. » Cette remarque fait écho au sentiment de déception de nombreuses associations qui avaient espéré que l’élan des Jeux paralympiques de Paris 2024 conduirait à des avancées en matière de reconnaissance des droits des personnes handicapées.

Le Collectif Handicaps, qui regroupe 54 associations, a également déploré sur les réseaux sociaux la disparition du terme, soulignant que cet oubli pourrait être interprété comme un désintérêt à l’égard des 12 millions de personnes en situation de handicap en France.

Le nouveau ministre tente de rassurer

Face aux critiques, Paul Christophe a rapidement pris la parole pour tenter de calmer les inquiétudes. Dans un message publié sur X (anciennement Twitter), il a adressé un message directement aux acteurs du secteur : « J’ai toujours eu à cœur de défendre les droits fondamentaux des personnes handicapées et une société plus inclusive. Ce n’est pas demain que cela va changer. Je m’y engage comme désormais ministre. »

Le ministre, à l’origine de plusieurs propositions de loi en faveur des personnes handicapées, dont l’une visant à accompagner les parents d’enfants malades et handicapés, a également souligné qu’il continuerait de se mobiliser pour ces enjeux. Cependant, ce message ne semble pas suffisant pour apaiser les craintes des associations, qui attendent désormais des actes concrets de la part du nouveau gouvernement Barnier.

L’absence du terme « handicap » dans l’intitulé du ministère est d’autant plus mal perçue qu’elle survient quelques semaines seulement après la fin des Jeux paralympiques de Paris, largement salués pour leur réussite. Sophie Cluzel, ancienne secrétaire d’État en charge des Personnes handicapées, a également exprimé sa préoccupation : « Je compte sur Paul Christophe pour que cette absence ne soit pas le signe d’un désintérêt à l’issue des Jeux paralympiques si réussis. »

Alors que la France avait promis de tirer profit de cet événement pour renforcer l’inclusion, l’évolution du ministère des Solidarités laisse planer un doute sur la véritable priorité accordée à ces questions dans le nouveau gouvernement.

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