L’ancien international de football Mikheïl Kavelashvili, 53 ans, a été élu président de la Géorgie ce samedi 14 décembre 2024. Ce vote, marqué par un boycott des forces d’opposition, s’est déroulé dans un contexte de vives tensions politiques et de manifestations antigouvernementales.
Pour la première fois dans l’histoire de ce pays du Caucase, le président n’a pas été élu au suffrage universel direct, mais par un collège électoral. Ce collège, largement dominé par le parti au pouvoir Rêve géorgien, a désigné Kavelashvili avec 224 voix sur 300, dépassant largement le seuil des 200 voix nécessaires. Son rôle, en grande partie symbolique, s’inscrit toutefois dans un climat de contestation croissante envers le gouvernement.
Ce scrutin a été fermement rejeté par l’opposition, qui considère que le Parlement actuel et, par extension, le collège électoral, manquent de légitimité. Salomé Zourabichvili, présidente sortante et figure pro-européenne, a dénoncé ce vote comme étant “illégitime” et refuse de quitter ses fonctions tant que de nouvelles élections législatives ne seront pas organisées.
La méthode de désignation du président a également suscité des critiques internationales, notamment en raison de la domination de Rêve géorgien sur les institutions électorales et du contrôle étroit exercé sur le processus.
Mikheïl Kavelashvili, bien connu pour ses prises de position prorusses et ses critiques acerbes envers l’influence occidentale, incarne une ligne politique opposée à celle de Zourabichvili. Ancien député du parti Pouvoir du Peuple, un mouvement séparé du Rêve géorgien mais idéologiquement proche, il défend des “valeurs traditionnelles” et une vision géopolitique favorable à Moscou.
Son élection intervient dans un pays profondément divisé, où les aspirations pro-européennes d’une partie de la population s’opposent à une orientation prorusse promue par le gouvernement. Ces tensions se sont cristallisées ces dernières années par des manifestations massives dénonçant une dérive autoritaire et un éloignement progressif des idéaux européens.
L’investiture de Mikheïl Kavelashvili est prévue pour le 29 décembre 2024. Cependant, son mandat, largement cérémonial, pourrait être éclipsé par la crise politique en cours. L’opposition appelle déjà à de nouvelles mobilisations pour dénoncer la légitimité du gouvernement et exiger un retour à des élections libres et transparentes.
Pour la Géorgie, ce tournant politique reflète des fractures profondes, à la fois internes et géopolitiques, qui continueront de façonner son avenir.