Michel Barnier sur TF1 : entre 49.3, censure et budget, le Premier ministre défend sa ligne

26 novembre, 2024 / Entrevue

Ce mardi soir, le Premier ministre Michel Barnier, était l’invité du journal télévisé de 20 heures sur TF1. Face à la menace grandissante d’une censure parlementaire liée au projet de budget 2025, il a abordé des thèmes cruciaux tels que l’article 49.3, la baisse des prix de l’électricité et les efforts budgétaires nécessaires. Retour sur les principaux points de son intervention.

Un recours au 49.3 « probable »

Michel Barnier a assumé l’utilisation imminente de l’article 49.3 pour faire adopter le budget 2025. « J’ai accepté que les députés débattent jusqu’au bout, je n’ai pas fait de 49.3 tout de suite pour couper la discussion », a-t-il souligné. Actuellement en commission mixte paritaire, le texte devrait revenir à l’Assemblée, où il risque de ne pas trouver de majorité. « Assurément, il y aura un 49.3, car il n’y a pas de majorité », a-t-il affirmé, tout en insistant sur la gravité de l’enjeu : « C’est le budget de la nation. »

Le Premier ministre a rappelé les conséquences potentielles d’une censure de son gouvernement. Une alliance entre les voix de Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, les socialistes et les écologistes pourrait provoquer la chute du gouvernement. Dans ce cas, Michel Barnier met en garde : « Il y aura une tempête, une situation financière assez grave. Les marchés financiers nous observent, et les taux d’intérêt pour financer notre dette sont déjà presque au niveau de la Grèce. » Il a néanmoins rassuré sur la continuité de l’État en cas de blocage : « Des mesures d’urgence permettent de payer les fonctionnaires, mais c’est du temps perdu. »

Baisse de l’électricité et ouverture aux concessions

Concernant le pouvoir d’achat, Michel Barnier a annoncé une baisse de 9 % des prix de l’électricité dès janvier 2025, tout en évoquant la possibilité d’aller plus loin : « On va voir si on peut faire davantage. » Cette décision semble répondre aux critiques du Rassemblement national, principal opposant à une hausse des taxes sur l’énergie. Le Premier ministre s’est également montré ouvert à d’autres concessions, notamment sur la réforme électorale. Il a confié au professeur Pascal Perrineau la mission de travailler sur une proposition de scrutin proportionnel, un sujet soutenu de longue date par le RN.

Michel Barnier a insisté sur la nécessité de réduire les dépenses publiques. « Nous allons économiser 4 milliards sur le fonctionnement des ministères, 4 milliards sur les agences de l’État, et réduire le train de vie de l’État », a-t-il détaillé. Ces mesures seront accompagnées d’une demande d’efforts « aux entreprises réalisant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires ». Plus surprenant, il souhaite également mobiliser les anciens Premiers ministres et ministres dans cet effort collectif, affirmant : « Nous pouvons être plus sobres. »

Un Premier ministre combatif

Interrogé sur une éventuelle démission, Michel Barnier a balayé l’hypothèse d’un revers de la main : « Pourquoi voulez-vous que je démissionne ? Cela dépasse de très loin ma propre condition. » Sûr de son cap, il s’est appuyé sur le soutien des Français : « Les Français me disent : bon courage, tenez bon. » Il a conclu sur une note de défiance envers ses adversaires politiques, les invitant à « consacrer leur énergie aux Français plutôt qu’à leurs petites phrases. »

Face à un paysage politique fracturé, Michel Barnier continue de défendre un budget qui, selon lui, répond aux urgences économiques et sociales du pays. Cependant, l’ombre de la censure plane toujours, et l’utilisation du 49.3 pourrait cristalliser les tensions. Alors que les marchés financiers scrutent chaque décision, le Premier ministre joue une partie décisive pour la stabilité de son gouvernement et de l’économie française.