Michel Barnier : l’esprit olympique comme fil rouge politique »

21 septembre, 2024 / Entrevue

L’obsession de Michel Barnier pour les Jeux olympiques d’Albertville en 1992 a marqué toute sa carrière politique. Cette fixation, souvent évoquée dans ses discours, est devenue un talisman, un symbole de sa capacité à affronter et surmonter les défis. À 35 ans, alors le plus jeune président du conseil départemental de Savoie, Barnier a fait de cet événement un tremplin pour sa carrière, en organisant ce qui est perçu comme une réussite majeure.

Le projet des JO d’Albertville, auquel il a consacré dix ans de sa vie, n’a pas été sans embûches. Des tensions avec les maires locaux, le départ temporaire de son coéquipier Jean-Claude Killy et des ajustements budgétaires compliqués ont jalonné le parcours. Cependant, Barnier est parvenu à réunir une équipe et des moyens colossaux pour dynamiser la région, créant des infrastructures durables qui subsistent encore aujourd’hui, telles que les gares, les autoroutes et les équipements culturels.

Cette expérience est plus qu’une simple ligne sur son CV ; elle représente pour lui une preuve tangible de ses capacités managériales et politiques. Son constant rappel d’Albertville souligne sa volonté de se poser en leader capable de mener à bien de grands projets dans des conditions extrêmes. Aujourd’hui, devenu Premier ministre, Barnier se retrouve confronté à de nouveaux défis politiques, avec l’idée d’utiliser les leçons tirées de cette époque pour façonner son mandat actuel.

Au-delà des infrastructures olympiques, l’héritage de Barnier en Savoie est contrasté. Si ses réalisations sont saluées par une partie de la population et de la droite locale, les écologistes critiquent l’empreinte bétonnée laissée par les JO et son soutien au développement touristique parfois jugé excessif. Malgré cela, l’ancien commissaire européen, habitué aux rivalités locales et aux grandes négociations internationales, semble puiser dans ce chapitre de sa vie une source d’inspiration continue pour ses ambitions politiques.