Le Premier ministre Michel Barnier a exprimé ce mercredi 9 octobre 2024 son inquiétude face à l’absence de solidarité au sein de sa coalition gouvernementale, après l’élection surprise de la députée insoumise Aurélie Trouvé à la présidence de la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale. Ce revers met en lumière les tensions croissantes entre les différents blocs de la majorité, notamment entre les groupes Ensemble pour la République (EPR, ex-Renaissance) et Droite républicaine (DR, ex-LR), tous deux membres du gouvernement.
Le poste, vacant depuis que l’ancien président de la commission, Antoine Armand, a été nommé ministre de l’Économie, était convoité par plusieurs candidats. Stéphane Travert, député EPR et ancien ministre, semblait être le favori pour succéder à Armand, mais le manque de soutien des députés LR a ouvert la voie à la victoire de la candidate de La France insoumise (LFI).
Malgré une majorité EPR et LR au sein de la commission, la plupart des députés LR se sont abstenus lors du vote final. Un élu LR est même allé jusqu’à voter pour Aurélie Trouvé, permettant ainsi à la candidate LFI de l’emporter avec 27 voix contre 25 pour Stéphane Travert. Ce résultat a pris tout le monde de court, révélant des fractures au sein de la coalition gouvernementale.
« Le Premier ministre a fait part de sa préoccupation quant à la solidarité des différentes entités de la majorité, qui n’a pas été au rendez-vous », a indiqué son entourage. Cette élection inattendue vient aggraver des tensions déjà présentes entre EPR, dirigé par Gabriel Attal, et DR, sous la houlette de Laurent Wauquiez. La droite avait en effet revendiqué la présidence d’une des trois commissions mises en jeu, mais n’a finalement obtenu aucun poste, ce qui a contribué à un climat de mécontentement au sein de la coalition.
Barnier, soucieux de maintenir l’unité, a toutefois salué l’élection de Bruno Fuchs (MoDem) à la présidence de la commission des Affaires étrangères, ainsi que celle de Frédéric Valletoux (Horizons) à la commission des Affaires sociales. Mais l’absence de cohésion autour du candidat présidentiel pour la commission des Affaires économiques reste un coup dur pour le Premier ministre, qui devra travailler à resserrer les rangs de sa coalition pour faire face aux enjeux politiques à venir.
Ce nouvel épisode risque d’accentuer les tensions entre la droite et le camp macroniste, alors que les attentes de chacun sur la répartition du pouvoir au sein des institutions restent insatisfaites. La suite des négociations au sein de la majorité s’annonce délicate, avec un Michel Barnier en quête de stabilité pour poursuivre son programme gouvernemental.