Michel Barnier envisage une hausse d’impôts pour redresser les finances publiques

17 septembre, 2024 / Entrevue

Le Premier ministre Michel Barnier n’écarte pas la possibilité d’augmenter les impôts pour faire face à la situation financière préoccupante du pays. Lors d’un entretien privé avec Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur démissionnaire, ce dernier a rapporté que Barnier envisageait une telle mesure : « Michel Barnier m’a dit qu’il augmenterait les impôts », a déclaré Darmanin lors d’une réunion des députés EPR à l’Assemblée nationale ce mardi 17 septembre. Bien que les contours de cette potentielle réforme fiscale restent encore flous, l’idée d’une augmentation des prélèvements a déjà provoqué des remous au sein de la majorité.

Un contexte budgétaire alarmant

La situation budgétaire de la France en 2024, marquée par un déficit public croissant, pousse le gouvernement à envisager des solutions drastiques. Dans les coulisses, Barnier n’a pas hésité à critiquer la gestion de son prédécesseur, Bruno Le Maire, dont il juge les résultats insuffisants pour redresser les finances publiques. Selon des propos rapportés, il aurait confié à plusieurs interlocuteurs : « Je vais devoir augmenter les impôts, ce n’est pas par gaieté de cœur, mais je dois le faire parce que la gestion est catastrophique. »

Pierre Moscovici, premier président de la Cour des Comptes, avait déjà averti début septembre que le débat fiscal ne pouvait plus être éludé face à la gravité des finances publiques. Barnier semble donc prêt à répondre à cet appel, même si la décision d’augmenter les impôts ne sera pas sans conséquences politiques.

Parmi les options envisagées par le Premier ministre, une révision de l’impôt sur les sociétés serait à l’étude. Cette mesure pourrait, selon certains de ses proches, aider à restaurer les comptes publics tout en favorisant la compétitivité des entreprises. En parallèle, certains élus des Républicains, proches de Barnier, plaident pour le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF), une mesure populaire parmi une partie de l’opinion publique et la gauche, qui y voit un geste en faveur de la justice fiscale.

Une opposition déjà mobilisée

Toutefois, l’idée d’augmenter les impôts est loin de faire consensus. Au sein de sa propre famille politique, notamment chez les Républicains, la mesure est perçue comme une ligne rouge à ne pas franchir. Laurent Wauquiez, président du groupe Droite Républicaine, s’est fermement opposé à cette éventualité lors d’une réunion ce mardi matin. « Cela n’a aucun sens d’augmenter les prélèvements, la France est déjà au sommet du tableau en matière de pression fiscale », a-t-il déclaré, appelant plutôt à une meilleure gestion des dépenses publiques.

De son côté, le Rassemblement National (RN) pourrait saisir l’opportunité d’une telle annonce pour tenter de faire tomber le gouvernement. Marine Le Pen a déjà laissé entendre que son parti n’hésiterait pas à déposer une motion de censure si Barnier allait de l’avant avec cette réforme impopulaire.

Un discours de politique générale très attendu

Michel Barnier, encore au stade des consultations, devra bientôt dévoiler sa stratégie lors de son discours de politique générale. Tous les regards sont désormais tournés vers lui, alors qu’il devra convaincre une majorité divisée et faire face à une opposition déterminée à contester toute hausse des prélèvements. Ce débat sur la fiscalité s’annonce comme l’un des enjeux majeurs de la rentrée politique.