Le nouveau Premier ministre Michel Barnier occupe l’hôtel Matignon depuis moins de 24 heures et se prépare à une journée chargée pour tenter de construire un gouvernement capable de bâtir le compromis nécéssaire à sa stabilité et à sa pérennité. Dès ce matin, il entame une série de rencontres avec les ténors de la droite et du centre, avec un objectif clair : éviter une censure parlementaire.
Voici un aperçu de son programme pour les prochaines heures :
- À 9h, Michel Barnier recevra son prédécesseur Gabriel Attal, président du groupe Ensemble pour la République à l’Assemblée nationale.
- À 10h15, il enchaînera avec Gérard Larcher, président du Sénat, suivi de discussions avec Laurent Wauquiez, leader du groupe La Droite républicaine à l’Assemblée, et Bruno Retailleau, chef de file des Républicains au Sénat.
- Samedi, il déjeunerait avec Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, pour discuter d’une possible session extraordinaire au Palais Bourbon.
Coexistence, cohabitation, coalition déguisée… ?
Michel Barnier se trouve dans une position délicate. Il doit former un gouvernement de « rassemblement » sans véritable majorité parlementaire stable. Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron, rejette l’idée d’une « cohabitation » classique, préférant parler de « coexistence exigeante ». Le terme de coalition, bien qu’implicite, semble évité soigneusement, notamment par Les Républicains (LR), dont Laurent Wauquiez affirme que ce n’est pas une coalition formelle.
Cependant, il est difficile de ne pas voir une forme de coalition informelle entre les blocs centristes (Renaissance, MoDem, Horizons) et les Républicains. L’objectif semble être de stabiliser le gouvernement en attirant des soutiens de divers horizons tout en maintenant une distance tactique pour ne pas provoquer un rejet populaire ou parlementaire. Le soutien d’Edouard Philippe et François Bayrou renforce cette impression d’un arrangement pragmatique plutôt qu’idéologique, cherchant à éviter la censure sans formaliser une alliance explicite.
Pour l’instant, nous pourrions être dans une phase où les partis veulent maximiser leur influence tout en évitant de s’engager dans une coalition officielle qui pourrait être perçue comme un compromis trop risqué, notamment avec un Premier ministre de droite et une majorité parlementaire centriste.
Quant aux accusation du Nouveau Front Populaire (NFP) selon lesquelles Michel Barnier aurait conclu un pacte avec le Rassemblement national (RN) semble surtout relever d’une stratégie visant à affaiblir le nouveau Premier ministre. Laurent Jacobelli, député RN, a affirmé ce matin sur France 2 que son parti resterait dans l’opposition, refusant toute participation au gouvernement de Barnier. Cette position de refus renforce l’idée que le RN n’a pas conclu d’accord formel. Le parti de Jordan Bardella attend de voir la déclaration de politique générale de Michel Barnier avant de prendre une position définitive. L’absence d’une opposition immédiate de leur part a alimenté des suspicions, mais ces dernières paraissent être une tactique constructive. Pour l’heure, le parti dit avoir joué son rôle et avoir atteint deux objectifs : « éviter la nomination d’un Premier ministre NFP et mettre un terme au chaos institutionnel ».