Meta lance des comptes adolescents sur Instagram pour mieux protéger les mineurs

Entrevue 1

Meta, maison mère de Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger, a annoncé il y a quelques jours, la création de « comptes adolescents » sur Instagram. Destinée aux utilisateurs âgés de 13 à 17 ans, cette nouvelle fonctionnalité vise à mieux protéger les jeunes des dangers des réseaux sociaux, souvent accusés de nuire à leur santé mentale. Cette initiative s’inscrit dans un contexte de pression croissante des associations et des autorités publiques pour renforcer la sécurité en ligne des mineurs.

Des comptes privés par défaut

Les adolescents de 13 à 17 ans auront désormais des comptes privés par défaut. Cette mesure s’accompagne de restrictions quant aux personnes qui peuvent les contacter et aux contenus qu’ils peuvent voir. Par exemple, les messages privés ne pourront être envoyés qu’aux utilisateurs que les adolescents suivent déjà. Les publications jugées sensibles, telles que des vidéos de violence ou des promotions de chirurgies esthétiques, leur seront masquées.

Pour les jeunes souhaitant un compte public, notamment ceux désirant devenir influenceurs, ils devront obligatoirement obtenir la permission de leurs parents, une démarche valable aussi bien pour les nouveaux utilisateurs que pour ceux déjà inscrits sur la plateforme. « C’est un changement fondamental pour garantir que nous faisons bien les choses », a affirmé Antigone Davis, vice-présidente chargée de la sûreté chez Meta.

Meta renforce également les outils de contrôle parental. Désormais, les parents pourront non seulement limiter le temps passé sur Instagram, mais aussi bloquer l’application et accéder à la liste des dernières personnes avec qui leur enfant a échangé. Meta insiste sur le fait que ces fonctionnalités offrent une protection supplémentaire et une meilleure supervision pour les parents, leur permettant de surveiller plus efficacement l’activité en ligne de leurs enfants.

Des questions sur l’efficacité des mesures

Cependant, cette initiative suscite des interrogations. L’un des défis majeurs reste la vérification de l’âge. De nombreux adolescents mentent sur leur date de naissance lors de leur inscription pour contourner les restrictions. Pour pallier cela, Meta exigera désormais une preuve d’âge si un utilisateur tente de modifier sa date de naissance. Cela pourrait se faire via l’envoi de documents d’identité ou d’un selfie vidéo analysé par une intelligence artificielle (IA). Toutefois, la fiabilité de ces systèmes est questionnée, notamment en raison de la possibilité de les contourner en demandant à une autre personne de se substituer à l’adolescent.

Pour l’instant, ces mesures ne concernent que les utilisateurs aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en Australie, mais devraient être étendues à d’autres régions, y compris en France, d’ici la fin de l’année. En France, une loi votée en 2023 a établi une majorité numérique à 15 ans, rendant ces mesures d’autant plus pertinentes dans la lutte contre le cyberharcèlement.

Toutefois, la vérification systématique des identités des jeunes utilisateurs reste un défi colossal. Selon l’association Génération Numérique, 63% des jeunes de moins de 13 ans possèdent déjà un compte sur les réseaux sociaux, malgré l’interdiction. Ce phénomène révèle les limites des contrôles actuels.

En dépit des promesses de Meta, de nombreuses questions subsistent, notamment autour de la protection des données personnelles, un sujet délicat dans le contexte des précédentes fuites de données de l’entreprise. Meta a assuré que les documents d’identité ne seraient conservés que pendant 30 jours avant d’être automatiquement effacés, mais cela pourrait ne pas suffire à apaiser les inquiétudes des utilisateurs.

Meta tente de répondre aux préoccupations croissantes liées à la sécurité des adolescents sur Instagram avec ses « comptes adolescents ». Bien que ces nouvelles fonctionnalités apportent des avancées en matière de protection, leur efficacité dépendra de leur mise en œuvre et des mécanismes de vérification de l’âge. Reste à voir si cette initiative parviendra réellement à protéger les jeunes utilisateurs des dangers inhérents aux réseaux sociaux.

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