Mémoires d’Angela Merkel : Trump, un président guidé par l’émotion et la fascination pour les autocrates
Dans ses mémoires à paraître le 26 novembre, Angela Merkel offre une analyse révélatrice de sa relation avec Donald Trump, qu’elle décrit comme un dirigeant « fasciné » par les autocrates et agissant « sur un mode émotionnel ». Des extraits de son livre, Freiheit (« Liberté »), ont été publiés par le journal Die Zeit.
L’ex-chancelière allemande revient sur leur première rencontre à la Maison Blanche en mars 2017, quelques mois après l’arrivée de Trump au pouvoir. Elle raconte que le président américain lui avait posé des questions sur ses origines est-allemandes et ses relations avec Vladimir Poutine, un sujet qui semblait le captiver. Selon Merkel, cette fascination pour les dirigeants autoritaires, qu’elle observe au fil des années, caractériserait une grande partie de l’attitude de Trump pendant son mandat.
Lors de cette rencontre, Merkel se souvient que Trump, bien que cordial, montrait déjà des signes de ce qui deviendra une approche conflictuelle. Il émettait des critiques virulentes envers l’Allemagne, l’accusant d’avoir été déstabilisée par l’afflux de réfugiés en 2015 et 2016, d’être trop radine en matière de dépenses militaires et de pratiquer un commerce déloyal. Il exprimait même son agacement face à la forte présence des voitures allemandes dans les rues de New York, qu’il considérait comme une « épine dans le pied ».
Face à ces attaques, Angela Merkel tente de répondre de manière factuelle, mais se heurte à un Trump agissant sur des bases plus émotionnelles. Selon ses propres mots, Trump n’était pas intéressé par la résolution des problèmes, mais plutôt par la transformation de chaque argument en nouvelle critique. L’ex-chancelière confie qu’elle n’a pas quitté Washington avec une impression favorable et se rend rapidement compte que « la coopération pour un monde interconnecté ne serait pas possible avec Trump ».
Le climat fut également un point de divergence majeur. En juin 2017, Trump annonce à Merkel la décision des États-Unis de se retirer de l’accord de Paris sur le climat, un coup dur pour la chancelière allemande, qui avait fait de la lutte contre le changement climatique un pilier de son action diplomatique.
Dans Freiheit, Merkel revient sur ces années difficiles en tant que leader du monde occidental, confrontée à un président dont les priorités et valeurs semblaient souvent diamétralement opposées aux siennes. Ce livre propose ainsi un éclairage inédit sur la relation complexe entre les deux dirigeants.