Absent des écrans depuis 2012, Francis Ford Coppola revient avec Megalopolis, un film à l’ambition démesurée et aux accents psychédéliques. Cette œuvre, qui rappelle par moments l’énergie d’un premier film, marque un retour inattendu pour le réalisateur du Parrain, aujourd’hui âgé de 85 ans.
Un projet longtemps mûri
Megalopolis, un projet que Coppola porte depuis des décennies, voit enfin le jour. Le réalisateur, déterminé à voir ce rêve se réaliser, est allé jusqu’à vendre une partie de ses vignobles pour autofinancer le film. Le résultat est à la fois grandiose et chaotique, bourré d’effets visuels artisanaux qui rappellent les débuts de sa carrière avec le producteur de séries B Roger Corman. Le film est ancré dans une prospective fiction, où le futur n’est pas si lointain, mais où les dilemmes politiques et idéologiques sont bien présents.
Une épopée entre Rome et New York
Le film se déroule dans la ville fictive de New Rome, où s’affrontent César Catilina (Adam Driver), un architecte visionnaire capable d’arrêter le temps, et Franklyn Cicero (Giancarlo Esposito), maire conservateur farouchement opposé aux idées progressistes de César. Entre eux, Julia (Nathalie Emmanuel), fille de Cicero et amoureuse de César, est déchirée entre deux idéologies qui vont façonner l’avenir de la ville.
Megalopolis se veut une fresque grandiose mêlant la politique, l’amour et la révolte, avec des références claires à la Rome antique. Coppola y explore des thèmes universels tels que le pouvoir et le changement, tout en plongeant dans des conflits moraux et philosophiques d’une modernité frappante.
Une esthétique audacieuse et déroutante
Ce qui frappe dans Megalopolis, c’est son esthétique flamboyante. Coppola embrasse un style visuel psychédélique, rappelant les années 1970, avec des effets spéciaux parfois bricolés et des décors clinquants. Ce mélange donne un ton à la fois onirique et chaotique, à la limite de l’auto-parodie. Les courses de chars et les invectives en latin entre les personnages soulignent l’étrangeté d’un film qui, par moments, perd le fil de son propre récit.
Coppola, qui s’amuse visiblement à déconstruire les codes, livre ici une œuvre personnelle et mégalomane. Si certains spectateurs pourraient être déroutés par son approche expérimentale, d’autres salueront la liberté créative qu’il s’est octroyée.
Un film entre génie et déception
Megalopolis est un paradoxe : à la fois audacieux et imparfait. Coppola propose une œuvre qui ne ressemble à rien d’autre, mais qui pourrait aussi bien perdre son public en cours de route. Si certains moments de mise en scène rappellent le génie du réalisateur, l’ensemble semble souvent décousu, oscillant entre scènes grandioses et maladresses. Malgré cela, Megalopolis demeure une pièce de cinéma intrigante, un dernier baroud d’honneur pour un cinéaste qui n’a jamais cessé de surprendre.
Alice Leroy