Depuis mardi, les médias ne parlent que de ça : la décision du Conseil d’État, saisi par Reporters sans Frontières, d’imposer à l’ARCOM une surveillance accrue de CNews : désormais, chaque journaliste, animateur ou intervenant de la chaîne d’info pourrait être fiché pour son opinion politique supposée. Une mesure inédite en France qui fait peser une grave menace sur la liberté d’expression, et qui pose question sur l’indépendance du Conseil d’État, d’autres chaînes ou radios, notamment celles du service public, n’étant pas vraiment des modèles de respect de pluralité de l’opinion mais n’étant jamais inquiétées comme peut l’être CNews.
Dans son émission quotidienne Morandini Live, sur CNews, Jean-Marc Morandini s’est insurgé contre cette mesure, affirmant qu’il avait bien l’intention de se battre pour défendre la liberté d’expression.
Selon le présentateur, la montée en puissance de CNews ne serait pas étrangère à cette tentative de censure : « En France en 2024, vous faites de CNews de plus en plus souvent la première chaîne info de France. Et ça dérange. Selon les chiffres de Médiamétrie diffusés hier, CNews était en effet encore numéro 1 lundi. Ça dérange. Comme mercredi dernier. Ça dérange. Comme jeudi dernier. Ça dérange. Comme vendredi dernier. Ça dérange aussi ».
Les chiffres Médiamétrie donnent raison à Jean-Marc Morandini. CNews est en constante progression, avec 2,3% de part de marché contre 2,1% en 2022, tandis que sa rivale, BFM TV, si elle reste en tête des chaînes d’info, affiche un recul (3,0% en 2023 contre 3,3% en 2022).
Sur le mois de décembre 2023, CNews a même pour la première fois fait jeu égal avec BFM TV, avec 2,6% de part d’audience pour chaque chaîne. Un résultat dû notamment aux belles performances de Jean-Marc Morandini et Pascal Praud, régulièrement devant BFM sur leur créneau horaire. Par ailleurs, si BFM TV reste en tête en 2023 avec 3,0% de PDA, elle est en recul de 0,3 point, puisqu’elle réalisait 3,3% de PDA en 2022.
La décision du Conseil d’État, dont l’indépendance pose question, montre que de toute évidence, cette inversion progressive des rapports de force dérange, avec au final une principale victime : la liberté d’expression…