MÉDIAS – Charlie Hebdo lance un concours de caricatures «Rire de Dieu»

19 novembre, 2024 / Entrevue

Près de dix ans après l’attentat islamiste ayant frappé sa rédaction, le journal satirique Charlie Hebdo a annoncé un concours international de caricatures intitulé « #RireDeDieu ». L’objectif affiché : dénoncer ce que l’hebdomadaire perçoit comme « l’emprise des religions » sur la société.

L’attaque du 7 janvier 2015, menée par des jihadistes en réponse à la publication de caricatures du prophète Mahomet, avait coûté la vie à douze membres de la rédaction. Aujourd’hui, le journal poursuit sa ligne éditoriale irrévérencieuse en invitant caricaturistes et dessinateurs de presse professionnels à exprimer leur exaspération face à l’influence religieuse.

« À ceux qui sont fatigués de vivre dans une société dominée par Dieu et les religions, à ceux qui rejettent les discours sur le bien et le mal dictés par des chefs religieux : ce concours est pour vous », annonce Charlie Hebdo. Les participants ont jusqu’au 15 décembre pour soumettre leurs créations. Les dessins sélectionnés seront publiés dans les pages du journal.

Fidèle à ses principes athées, Charlie Hebdo a maintenu son ton provocateur malgré les controverses. En janvier 2016, pour le premier anniversaire de l’attaque jihadiste, le journal avait fait sa Une avec un Dieu armé d’une kalachnikov, accompagné du titre : « 1 an après, l’assassin court toujours ».

Plus récemment, en août 2024, une caricature de la Vierge Marie associée au virus de la variole du singe a conduit deux associations catholiques à porter plainte pour « incitation à la haine religieuse ».

Si le droit à la satire est défendu par de nombreux humoristes, les limites de la caricature religieuse continuent de diviser. Mi-juin, le pape François avait lui-même déclaré : « On peut rire de Dieu, mais sans blesser les sentiments des croyants », lors d’une rencontre avec des humoristes de plusieurs pays.

Malgré ces mises en garde, Charlie Hebdo persiste et signe, revendiquant un droit au blasphème qu’il considère comme un pilier essentiel de la liberté d’expression.