Le site d’investigation Mediapart quittera définitivement la plateforme X (ex-Twitter) le 20 janvier 2025. Cette date, qui coïncide avec l’investiture du président américain Donald Trump pour un second mandat et la prise de fonction d’Elon Musk à la tête d’un nouveau ministère de « l’efficacité gouvernementale » aux États-Unis, symbolise selon le média un virage dangereux pour la liberté de la presse et de l’information.
Un espace jugé hostile aux valeurs journalistiques
Depuis le rachat de Twitter par Elon Musk en 2022 et son changement de nom en 2023, la plateforme est de plus en plus critiquée pour son rôle dans la propagation de fausses informations, la banalisation des discours extrémistes et le manque de modération des contenus. Dans une tribune signée par Carine Fouteau, directrice de la publication, Mediapart accuse X de servir « le chaos de l’information » et de jouer en faveur de « l’idéologie d’extrême droite » ainsi que de « l’industrie de la tech » unies pour façonner un monde orwellien.
En citant Hannah Arendt, la tribune de Mediapart souligne que le mensonge permanent conduit à une perte totale de repères, où plus personne ne croit en rien. Le média estime qu’en restant présent sur X, il contribue malgré lui à légitimer cette dérive et à « produire des monstres ». Il refuse ainsi de conforter la puissance des adversaires du journalisme et de l’intérêt général.
Mediapart n’est pas seul à tourner le dos au réseau d’Elon Musk. Ces derniers mois, plusieurs publications prestigieuses ont quitté X, parmi lesquelles « The Guardian », « La Vanguardia », « Ouest-France » et « Sud Ouest ». Toutes dénoncent un manque de garanties en faveur de la lutte contre la désinformation et réclament davantage d’équilibre dans les débats en ligne.
Des médias internationaux comme NPR, PBS ou Sveriges Radio avaient déjà renoncé à Twitter dès 2023. En France, des institutions publiques telles que l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) et des organisations syndicales comme la CFDT ont également fait le choix de se retirer, pointant l’absence de régulation et le climat délétère qui règne sur le réseau.
Vers de nouvelles « rues numériques »
Pour Mediapart, quitter X ne signifie pas se couper du débat public. Le média entend renforcer sa présence sur d’autres plateformes comme Mastodon, Bluesky ou Threads, plus respectueuses des principes journalistiques. Il prévoit aussi d’organiser davantage d’événements dans différentes régions françaises afin d’aller à la rencontre du public et de partager ses informations au-delà de sa communauté d’abonnés.
« L’écosystème a changé », rappelle Mediapart. En refusant le cadre imposé par les « ennemis de la liberté d’informer », le site d’investigation veut contribuer à bâtir de nouveaux espaces numériques plus sains, où les faits vérifiés et la confrontation d’idées ont leur place. Le 20 janvier 2025, c’est donc un adieu assumé à X que fera Mediapart. Un adieu temporaire ou définitif ? L’avenir nous le dira…