Après le passage dévastateur du cyclone Chido, Mayotte, le département français de l’océan Indien, est plongé dans une situation d’urgence humanitaire critique. Avec un bilan provisoire de 22 morts et 1.373 blessés, les autorités redoutent que le nombre de victimes grimpe à plusieurs centaines, voire quelques milliers.
Le président Emmanuel Macron se rendra sur place ce jeudi, tandis que le nouveau Premier ministre François Bayrou prévoit de visiter l’archipel dès la formation de son gouvernement.
François Bayrou a qualifié la situation de « sans précédent sur le sol national ». Le cyclone Chido, le plus intense à frapper Mayotte depuis 90 ans, a détruit une grande partie des infrastructures, notamment les écoles et les habitations précaires. Selon le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, 70 % des habitants ont été gravement touchés.
Sur Petite-Terre, une des îles principales, le paysage est apocalyptique : arbres déracinés, maisons rasées, bateaux échoués. « Tout a été écrasé comme par un rouleau compresseur », décrit une enseignante de Pamandzi, montrant les ruines du quartier de La Vigie.
Un avion A400M a acheminé 23 tonnes de nourriture et d’eau, et le navire Champlain, en provenance de La Réunion, devrait arriver jeudi avec 180 tonnes de fret humanitaire. Un hôpital de campagne sera installé d’ici quelques jours pour soulager le centre hospitalier de Mayotte, lui-même endommagé.
Pour faire face à l’insécurité et éviter les pillages, un couvre-feu a été instauré de 22h à 4h. Par ailleurs, 400 gendarmes supplémentaires ont été envoyés pour renforcer les 1.600 forces de l’ordre déjà présentes.
Face à l’urgence, de nombreux habitants commencent à déblayer les décombres pour reconstruire leurs habitations. Le Premier ministre a annoncé le lancement d’un appel à projets pour concevoir des modèles d’habitats facilement montables, avec l’appui d’architectes et d’entreprises.
Les autorités envisagent également des mesures fiscales incitatives pour encourager les dons. Les contributions jusqu’à 1.000 euros bénéficieront d’une réduction d’impôt de 75 %.
Le cyclone a également ravivé les tensions autour de l’immigration à Mayotte, où près de la moitié des habitants sont issus des Comores ou d’autres pays d’Afrique. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a dénoncé une « stratégie comorienne » visant à pousser des populations vers Mayotte. Ses propos ont été jugés inopportuns par Marine Tondelier, leader des Écologistes, qui a regretté que cette polémique soit lancée dans un « moment de drame humain ».
Les eaux de l’océan Indien, atteignant près de 30°C cette année, ont amplifié la violence du cyclone, un phénomène directement lié au réchauffement climatique. Au Mozambique, Chido a également causé des destructions massives, tuant 34 personnes et détruisant plus de 20.000 maisons.
Pour Mayotte, la reconstruction sera un défi colossal, nécessitant une mobilisation nationale et internationale à la hauteur de cette catastrophe historique.